Le 20 juin 2023
Quand Wes Anderson fait du Wes Anderson, cela donne une œuvre souvent drôle, fantasque et décousue, mais profondément inégale.


- Réalisateur : Wes Anderson
- Acteurs : Tom Hanks, Edward Norton, Matt Dillon, Scarlett Johansson, Liev Schreiber, Willem Dafoe, Hope Davis, Jeff Goldblum, Rita Wilson, Jason Schwartzman, Jeffrey Wright, Tilda Swinton, Steve Carell, Rupert Friend, Adrien Brody, Stephen Park, Fisher Stevens, Bryan Cranston, Margot Robbie, Tony Revolori, Sophia Lillis, Hong Chau
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 1h44mn
- Date télé : 6 avril 2024 21:00
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 21 juin 2023
- Festival : Festival de Cannes 2023

L'a vu
Veut le voir
– Festival de Cannes 2023 : sélection officielle, en compétition
Résumé : Le programme d’une conférence de jeunes astronomes et cadets de l’espace (organisée pour rassembler des étudiants de tout le pays et leurs parents à l’occasion d’un concours scolaire) va être bousculé par des événements chamboulant le monde.
Critique : C’est du cinéma dans du théâtre ou du théâtre dans du cinéma. On ne sait pas vraiment. Par contre, immédiatement, on sait qu’il s’agit d’un film de Wes Anderson, autant prolixe que décousu, fantasque et inventif, à la limite parfois de l’indigestion. Astéroid City part en effet du projet d’un dramaturge de mettre en scène une ville fantomatique, en plein désert américain, où de jeunes scientifiques géniaux se regroupent pour recevoir un prix. Les parents accompagnent leur progéniture, et cela donne un savant mélange de personnes de tous les genres, cultivant à leur manière leur névrose.
- © 2023 Pop. 87 Productions LLC. Tous droits réservés.
Comme souvent chez Anderson, le film en fait des tonnes. On ne peut pas nier la fertilité des idées, l’ingéniosité des décors et la richesse des dialogues, très drôles. Le réalisateur abuse de toutes les métaphores, tous les effets de style, pourvu que sa vision baroque et fantaisiste du monde l’emporte sur la mélancolie ambiante. Comme à chaque fois, l’image est très soignée, les comédiens s’adonnent à leur rôle avec une franche dévotion, se plongeant dans des dialogues parfois complètement insensés. Wes Anderson est un réalisateur hirsute qui n’a pas peur de bouger les lignes, au risque de provoquer l’agacement. On aime ou on n’aime pas, certes, mais personne ne peut rester indifférent à l’inventivité des lieux et à l’imagination féconde de son auteur.
Mais le problème survient quand l’attention du spectateur se détourne du récit principal. En effet, le long-métrage accumule des histoires dans l’histoire, à coup de dialogues parfois incompréhensibles, faisant craindre une forme de frivolité. Toutes les scènes ne sont pas utiles, alors même que le synopsis est déjà en soi très riche et largement suffisant pour occuper deux heures. On a parfois l’impression d’un certain remplissage, et d’un réalisateur qui se fait plaisir, au risque de perdre définitivement son spectateur.
- © 2023 Pop. 87 Productions LLC. Tous droits réservés.
Dans un film humoristique, il ne faut surtout pas trop complexifier les dialogues. Or, parfois, il faudrait presque revenir en arrière pour comprendre la subtilité ou le trait d’humour de tel ou tel dialogue. À côté, il y a des scènes franchement drôles, où le spectateur n’a pas besoin de décoder pendant cinq minutes le sens des choses. Et c’est là où Asteroid City apparaît comme très inégal et dessert son propre objectif.
Nous ressortons de ce long-métrage plutôt embarrassés. D’un côté, il serait profondément injuste de critiquer la puissance narrative de Wes Anderson. De l’autre, le réalisateur aurait gagné à raccourcir le propos et à faciliter la compréhension du récit.