« Putain, c’qu’il est blême, mon HLM ! »
Le 12 juin 2024
Samuel Benchetrit propose un bel objet de cinéma, insolite et troublant.
- Réalisateur : Samuel Benchetrit
- Acteurs : Isabelle Huppert, Michael Pitt, Valeria Bruni Tedeschi, Gustave Kervern, Tassadit Mandi, Jules Benchetrit
- Genre : Comédie dramatique, Film choral
- Distributeur : Paradis Films
- Durée : 1h40mn
- Date de sortie : 7 octobre 2015
- Festival : Champs-Elysées Film Festival, Festival de Cannes 2015
Résumé : Un immeuble dans une cité. Un ascenseur en panne. Trois rencontres. Six personnages. Sternkowtiz quittera-t-il son fauteuil pour trouver l’amour d’une infirmière de nuit ? Charly, l’ado délaissé, réussira-t-il à faire décrocher un rôle à Jeanne Meyer, actrice des années 80 ? Et qu’arrivera-t-il à John McKenzie, astronaute tombé du ciel et recueilli par Madame Hamida ?
Critique : Le film regroupe deux des nouvelles des Chroniques de l’asphalte, écrites en 2005 par l’auteur. Samuel Benchetrit a ajouté le récit d’une comédienne, Jeanne Meyer (Isabelle Huppert), ex-vedette des années 80, venue s’installer dans le HLM désaffecté de la cité qui constitue le cadre de l’œuvre. L’ancienne actrice rêve de reprendre les studios et y sera encouragée par son jeune voisin de palier, un ado livré à lui-même. Ce dernier est interprété (avec charisme et talent) par Jules Benchetrit, le fils du cinéaste, ce qui accentue la trame autobiographique d’Asphalte, Samuel Benchetrit ayant passé son enfance en banlieue. Une banlieue filmée ici sous un angle nouveau, quelque part entre une vision idéalisée et la noirceur inhérente au film social. Car Asphalte se révèle plutôt comme une très jolie fable, mettant en scène six personnages esseulés en quête de réconfort et de bonheur.
- Copyright Paradis Films
Il y a là Sterkowitz (Gustave Kervern), qui habite au premier étage de l’immeuble de Jeanne, et refuse de voter pour l’installation d’un ascenseur. Mais il devient handicapé suite à un accident, et se voit contraint de ne se déplacer que la nuit. Sa rencontre avec une infirmière de nuit (Valeria Bruni Tedeschi) est peut-être l’occasion d’un nouveau départ. Mme Hamida (Tassasit Mandati) est quant à elle une vieille femme algérienne, généreuse et optimiste, qui loge au-dessus de Jeanne. Les visites à son fils emprisonné font partie de son morne quotidien jusqu’au jour où elle voit débarquer chez elle John McKenzie (Michael Pitt), un cosmonaute de la NASA littéralement tombé du ciel et qu’elle doit héberger. Ces trois récits imbriqués dans le mini-film choral sont reliés par le décor péri-urbain, le « MacGuffin » de l’ascenseur mais également un bruit étrange qui se répand dans la cité, et dont on n’aura jamais l’explication, amplifiant par là-même le ton de comédie de l’absurde du scénario.
- Copyright Paradis Films
Le contraste entre l’ambiance de mystère et l’humanisme des intrigues, loin de créer une œuvre décousue, mène à un film mêlant fascination et émotion, et qui culmine avec l’improbable rencontre entre l’Américain et la femme d’origine arabe. Ces séquences sont d’ailleurs les plus politiques du film : « L’envie de parler d’une cité HLM d’une façon différente fut un moteur essentiel dans mon désir de faire ce film. Car quand on évoque la banlieue, les mêmes mots reviennent toujours en bouche : punition, religion, affrontement... Et on ne parle jamais d’amour. Or il me paraît pourtant évident que le manque d’amour est la cause de bien des maux dans ces endroits », a déclaré le cinéaste. Loin de livrer une vision angélique, Samuel Benchetrit propose un bel objet de cinéma, insolite et troublant. Après les échecs d’Un voyage et de Chez Gino, il signe ici son meilleur film et mériterait le succès public.
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birulune 18 janvier 2017
Asphalte - Samuel Benchetrit - critique
On pleure pas devant ce film on rit ( insensé ! Le sujet est difficile à vrai dire) et plus les personnages semblent acculés dans une situation inextricable plus le rire naît ( défi incroyable on n’a pas ri de choses aussi triste depuis La Vie Est Belle !)
Ne pas s’attendre à du Les Bronzés Font Du Ski, comme dit Poelvoorde de Les Randonneurs" on rit quand on veut" et Asphalte n’échappe pas à la règle. La réussite du projet de faire rire avec les trucs les plus tristes du monde ( une vieille reubeu esseulée avec un fils en prison une actrice has-been un handicapé acariâtre)et je parle même pas des décors on est a deux doigts de Vie Ma Vie ou autre émission racoleuse sur les kassoss’ET POURTANT POURTANT on ne prend pas en pitié tout ce petit monde où l’alimentaire ( le vieux Merkovitz et son frigo vide) le problème de l’insertion ( le fils de la vieille reubeu en zonzon) et la perte des illusions ( l’actrice déchue) ne sont pas des problèmes en soi : C’est la vie c’est tout on refait le monde a la française dans ce film exit les happy end qui pue le factice on reste dans la réalité et la beauté voire la poésie du film en même renforcé !