Le 2 avril 2023
L’autodidacte du cinéma, Romain Quirot, à force de pousser les velléités à un hyper-esthétisme, ne parvient pas à cacher les faiblesses du scénario.
- Réalisateur : Romain Quirot
- Acteurs : Dominique Pinon, Rossy de Palma, Bruno Lochet, Niels Schneider, Alice Isaaz, Rod Paradot, Artus
- Genre : Action, Drame historique
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Tandem
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 17 novembre 2024 21:00
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 29 mars 2023
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Résumé : 1900. De Montmartre à Belleville, Paris est aux mains de gangs ultra violents qui font régner la terreur sur la capitale : les Apaches. Prête à tout pour venger la mort de son frère, une jeune femme intègre un gang. Mais plus elle se rapproche de l’homme qu’elle veut éliminer, plus elle est fascinée par ce dernier.
Critique : Romain Quirot est un artiste complet, capable d’aller de tous les paris. Il s’engage dans son deuxième long-métrage. Après Le dernier voyage, où il réinventait la science-fiction sur les écrans français, il propose un récit historique, dans un Paris du début du siècle, où les malfrats côtoient les bourgeois dans une ville en pleine transformation. La tour Eiffel est sortie de terre pour l’exposition universelle, le métro traverse la capitale d’un bout à l’autre, et Sarah Bernhardt promène ses bijoux fabuleux au milieu des rues bondées. Le regard du cinéaste s’arrête sur une bande de voyous qui terrorise les Parisiens, et particulièrement Billy, assoiffée de vengeance.
- Copyright Tandem Films
Romain Quirot emprunte le titre de son film à la production du long-métrage. Il y a dans ce choix une forme de surenchère qui s’ajoute aux excès esthétisants du long-métrage. Si la restitution de la capitale assume les aspects carton-pâte, l’usage des lumières, des ralentis nombreux cherche au contraire à complexifier le propos. En réalité, ces choix esthétiques sont le contraire du parti pris historique de la fiction. On est parfois chez Tarantino ou encore chez Carax, mais force est de constater que leur cinéma, profondément original et personnel, n’est pas donné à tout le monde. Au bout du compte, le récit s’éloigne totalement de son sujet pour devenir une sorte de déversoir de violence et de désinvolture. Les couteaux s’enfoncent dans les chairs pendant que les protagonistes engagent des danses endiablées sous des boules de lumière bleue. Le mauvais goût n’est plus très loin et le spectateur ne voit plus que les effets de style au détriment de l’histoire.
- Copyright Tandem Films
Apaches ne fonctionne absolument pas. Le récit est fractionné en chapitres qui semblent aussi prévisibles les uns que les autres. Même les nombreux personnages sont enfermés dans des postures stéréotypées. L’héroïne principale passe de la colère aux sanglots, sans nuance, jusqu’à cette scène quasi grotesque où elle échappe à la mort et termine son projet de vengeance. Souvent, le problème du cinéma demeure l’écriture. Romain Quirot assume dès le générique être l’auteur de son scénario. Et c’est bien là où le bât blesse. Le cinéaste ne manque pas de talent et d’idée. Sans doute son film aurait gagné en crédit si l’écriture avait été confiée à un tiers. Du coup, le métrage se perd dans des circonvolutions esthétiques qui nuisent à la vraisemblance du propos et plus généralement à son intérêt.
- Copyright Tandem Films
Bref nous serons passés à côté de cet objet hybride du cinéma. Pour autant, nous restons dans l’attente du troisième long-métrage qui devrait gagner en maturité et en sobriété.
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