Le dernier voyage - Romain Quirot - critique

Critique : Faire une œuvre de science-fiction en France en 2021 demeure de l’ordre de la gageure. C’est sans doute là l’intérêt premier de ce film, dans la mesure où un jeune metteur en scène, écrivain de son état, Romain Quirot, s’engage dans un récit ambitieux et coloré. On sait pourtant que les productions françaises ne se précipitent pas pour financer des films appartenant à ce genre, préférant en général le drame sentimental ou social, a fortiori s’il se déroule à Paris. Pour autant, dans ce dernier voyage, nous sommes à Paris. Mais la capitale n’a pas résisté à l’effondrement du monde, les êtres humains survivent dans un désert chaotique avec en ligne de mire, l’explosion annoncée d’une planète rouge dont les humains se sont gavés en ressources énergétiques. Paul W. R. est le seul astronaute susceptible de sauver la planète de ce cataclysme à venir. Pourquoi lui ? On ne saura pas ou l’on n’a pas bien compris. De plus, il cherche à disparaître, faisant courir le risque que ce voyage salvateur n’ait pas lieu. Et c’est là où les événements se compliquent.

Copyright Tandem Films

Le dernier voyage est un long métrage inspiré. L’ombre des films de Luc Besson sommeille derrière chaque scène et c’est peut-être cela d’ailleurs qui a incité Jean Reno à participer au projet. C’est un cinéma enjoué, dynamique et inventif qui veut dire beaucoup de choses dans à peine une heure trente de pellicules. Sans doute trop. Car le réalisateur multiplie les scènes d’action, les hasards de situation et les évasions oniriques. Les retours au passé, en noir et blanc, censés apporter l’explication au conflit qui oppose les deux frères, est par exemple en surplus. Au lieu de se concentrer sur le genre fantastique, Romain Quirot se perd dans le sentimentalisme familial. Mais voilà, il s’agit d’un premier film. Le cinéaste est ambitieux. Il se plaît à emmener ses spectateurs dans un univers chaotique à mi-chemin entre Le cinquième élément et Léon. La relation scellée entre cette fillette débrouillarde et l’astronaute fuyard ne souffre jamais de faux pas et donne au récit le rythme et le sens.

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Il ne faut pas nier l’indéniable talent de créativité de Romain Quirot. Ce dernier a le courage de ses rêves. Il défend une véritable esthétique de l’image avec, pour symbole central, cette lune rouge qui va s’abattre sur ce qui reste de la terre. La photographie est très soignée. Même les économies de moyens ne nuisent pas à la beauté sensible des images. Le cinéaste emmène son spectateur en voyage. Il ajoute à son récit une connotation clairement politique, prétendant que l’avenir du monde ne pourra pas avoir lieu dans la destruction et qu’il est plus que temps de prendre soin de notre capital énergétique. En cela, Le dernier voyage malgré tous les défauts d’une premier film, force à une certain admiration. On se dit que le cinéma français s’est agrandi de nouveaux réalisateurs comme Romain Quirot ou Mathieu Turi, qui feront les œuvres fantastiques et de science-fiction de demain, dans un univers artistique encore trop contraint par les normes.