La beauté du diable - Amélie Nothomb - La critique
Le 29 octobre 2003
Deux adolescentes trouvent chacune en l’autre un peu de ce qui leur manque et beaucoup de ce qui les détruit.
- Auteur : Amélie Nothomb
- Editeur : Albin Michel
- Genre : Roman & fiction
- Date de sortie : 1er mars 2003
Les relations de pouvoir, chez Amélie Nothomb, sont toujours sur le point de s’inverser. Même lorsqu’elles lient deux adolescentes que tout oppose mais qui trouvent chacune en l’autre un peu de ce qui leur manque et beaucoup de ce qui les détruit...
Oui, Amélie Nothomb écrit un roman par an. Oui, ils paraissent toujours à la même date, se vendent bien et sont parfois sans surprise. Oui, ils sont faciles à lire, souvent trop vite lus, et ne demandent pas un effort intellectuel insoutenable.
Une fois ces vérités (abondamment) rebattues, on peut enfin se pencher sur le livre. Effectivement sans surprise, facile à lire et toujours trop vite lu, il n’en est pas moins croustillant...
Antéchrista, c’est, encore une fois, l’histoire d’un duel. Après la journaliste et l’écrivain, le laid et la belle, l’occidentale pleine de bonne volonté et la vicieuse japonaise, c’est cette fois l’affrontement entre Blanche, jeune fille rêveuse et trop sage et Christa, solaire et extravertie, attirant irrésisiblement l’amour de tous et de toutes.
Le jour où Christa adresse la parole à Blanche, celle-ci n’ose pas y croire. Jusqu’à ce que la parfaite enfant lui vole l’amour de ses parents, ce qui lui reste de confiance en elle, sa pudeur et les derniers bastions de son espace vital.
Ici, Amélie Nothomb renoue avec sa passion pour les humiliations parfois délicieuses que nous font subir ceux que l’on admire. Source de douleurs infinies qu’elle raconte comme toujours avec un humour à la fois acerbe et faussement naïf. Et, comme d’habitude, la pauvre créature compatissante que la bonté, l’honnêteté et l’admiration maintiennent dans une soumission masochiste et absolue finit, grâce à son immense abnégation, par tirer son épingle du jeu et se hisser jusqu’aux hauteurs de sa charmante et machiavélique adversaire...
Mais mieux vaut ne pas en dire plus. Car même si les portraits des deux protagonistes manquent de subtilité et frôlent les clichés les plus grossiers (Ah, l’amour de la musique classique opposé aux bassesses du rock allemand !), même si le livre paraît parfois bâclé, n’évitant ni les répétitions pesantes, ni les phrases trop appuyées, même s’il reste en dessous des meilleurs romans de Nothomb par manque de finesse et de subtilité, il n’en reste pas moins que la lecture d’Antéchrista reste un vrai moment de plaisir. Chacun y retrouve avec un bonheur tout relatif les affres de l’adolescence, et les retournements de situation, bien qu’assez attendus, parviennent à nous tenir en haleine.
Et quoi qu’on en dise, Amélie Nothomb, malgré le nombre d’exemplaires vendus, n’en garde pas moins un univers personnel et pas si politiquement correct que ça, qui chatouille en douceur et avec humour nos chères petites perversions...
Amélie Nothomb, Antéchrista, Albin Michel, 2003, 160 pages, 14,50 €
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flam 7 octobre 2005
Antéchrista
Je suis toujours curieuse de lire un Nothomb, alors j’attends qu’il sorte en poche. Cette écrivaine a tout de même un style mordant qui n’appartient qu’à elle.
Contrairement aux Catalinaires qui m’a amusée, je n’ai pas aimé Antéchrista. J’ai trouvé cette histoire nunuche et tirée par les cheveux, tout comme Mercure.
Zeste 10 juin 2006
Antéchrista
Avec Antéchrista, comme avec tous ses romans parus depuis Cosmétique de l’ennemi, la recette une jolie jeune fille (proche de la Sainte) affrontant une laide et cruelle jeune femme (variante : un vieillard) lasse. Celle qui me fascinait par son style et son imaginaire me laisse chaque année de plus en plus sur ma faim. Elle se laisse aller à la facilité, se contente de soulever un problème sans le creuser, de dénoncer sans rien démontrer, le tout avec un style qui verse de plus en plus dans la facilité. Essoufflée Amélie Nothomb ? Endormie sur ses lauriers ? Antechrista est fade et se lit en 2 temps 3 mouvements...pour s’oublier aussi vite. Ne parlons pas d’Acide sulfurique qui atteint des sommets dans l’art d’enfoncer des portes ouvertes.
Peut-être vaudrait-il mieux qu’elle ne publie pas chaque année à tout prix et se réserve pour de vrais romans dignes de ceux de ses débuts ? Prolixité ne rime pas avec qualité.
Décevant à tous points de vue...