Le 14 décembre 2018
Un témoignage historique, saisissant et sans concession, qui use d’une animation soignée pour affirmer les affres d’une guerre terrible en Angola.
- Réalisateurs : Raúl de la Fuente - Damian Nenow
- Genre : Animation, Historique
- Nationalité : Espagnol, Allemand, Polonais, Belge, Hongrois
- Distributeur : Gebeka Films
- Durée : 1h26mn
- Date de sortie : 23 janvier 2019
- Festival : Festival de Cannes 2018
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Résumé : Varsovie, 1975. Ryszard Kapuscinski (43 ans) est un brillant journaliste, chevronné et idéaliste, fervent défenseur des causes perdues et des révolutions. À l’agence de presse polonaise, il convainc ses supérieurs de l’envoyer en Angola. Le pays bascule dans une guerre civile sanglante à l’aube de son indépendance. Kapuscinski s’embarque alors dans un voyage suicidaire au cœur du conflit. Il assiste une fois de plus à la dure réalité de la guerre et se découvre un sentiment d’impuissance. L’Angola le changera à jamais : parti journaliste de Pologne, il en revient écrivain.
Notre avis Depuis quelques années, le cinéma d’animation, quand il n’est pas réservé à un public enfantin ou adolescent, cultive une nouvelle forme d’expression qui alterne des images réelles, filmées à la façon d’un documentaire, et animées qui montrent une représentation fictionnelle de la guerre. On pense notamment au succès fondateur de Valse avec Bachir, ou aux récents Chris the Swiss qui retraçait la recherche d’un cousin tué pendant le conflit serbo-croate et Samouni Road, récit du massacre d’une famille rurale sur la bande de Gaza. Dans le tout animé, on pense forcément également à Persépolis, au succès tonitruant, que l’on avait découvert à Cannes.
Les deux réalisateurs d’Another day of life adoptent la même démarche sous un angle géopolitique différent dans la mesure où ils tentent de reconstituer l’entrée en guerre de l’Angola, sous couvert des rivalités entre le bloc soviétique et les Etats-Unis. Le récit d’un journaliste polonais, Ryszard Kapuscinski, parti en Angola pour chroniquer un nouveau massacre africain, sert de fil conducteur à cette tragédie annoncée dont naturellement les victimes principales seront les populations les plus pauvres.
- ©gebeka films
Le personnage principal de cette histoire s’engage dans une quête journalistique des plus dangereuses, dans le but de mettre à jour l’instrumentalisation de Cuba et des Etats-Unis sur les groupes politiques qui se battent pour obtenir le pouvoir local en Angola. Le film est particulièrement bien documenté et a le mérite de révéler au grand public une page de l’histoire africaine souvent méconnue. On découvre avec effroi les tentatives d’annexion du territoire angolais par l’Afrique du Sud, et surtout la violence quasi animale qui s’abat sur les populations.
Au-delà du témoignage historique sur une guerre qui ne s’est jamais vraiment achevée, sur un territoire regorgeant de diamants, le film déploie une réflexion profonde sur l’éthique du journalisme. Un reporter doit-il tout dire de ce qu’il constate sur le terrain, au risque d’accentuer un bouleversement mondial ? Ou doit-il travestir la réalité, quitte à conforter l’ignorance de l’Occident sur les enjeux géopolitiques véritables ? Telle sont les grandes interrogations des réalisateurs qui n’envisagent pas de laisser le spectateur dans son confort.
- ©gebeka films
L’animation, très colorée, rend compte d’un soin singulier pour donner chair à la réalité monstrueuse du conflit. Elle aide à supporter l’horreur graphique et l’atmosphère de chaos total qui règne. Le spectateur est emporté dans cette course haletante et spectaculaire, avec le sentiment que la mort peut survenir à tout moment. Elle est jalonnée par des personnages forts, comme une jeune révolutionnaire, très belle, qui sauve le protagoniste central de la mort ; son pouvoir de séduction fascine. Il faut avoir le cœur accroché car ces personnages sont en permanence sur le fil du rasoir, risquant à chaque instant d’être criblés de balles, venues de nulle part.
- ©gebeka films
Dans son urgence, Another Day of Life constitue un long-métrage nécessaire pour appréhender les origines d’un conflit perpétué pendant près de trente ans et dont on continue à ressentir les remous à notre époque contemporaine. A l’heure où le nombre de demandeurs d’asile africains explose en Europe, ce pamphlet est à envisager dans son évocation des douleurs des victimes de guerre dans des termes humains qui porte à la réflexion. Après tout, les véritables responsables ne sont-ils pas les puissants de notre monde ?
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