Paris, ailleurs
Le 4 mars 2008
Drôle, émouvante et touchante, cette œuvre qui respire la fraîcheur et la légèreté, nous emporte dans un monde onirique sans nous éloigner de la réalité à laquelle on reste collés.


- Réalisateur : Alain Gomis
- Acteurs : Samir Guesmi, Djolof Mbengue, Delphine Zingg , Irene Montalà, Jany Gastaldi, Axel Bogousslavsky
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Eurozoom
- Durée : 1h25mn
- Date de sortie : 5 mars 2008

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Résumé : Du dribble de Pelé à la danse de Mohammed Ali sur le ring, Yacine voudrait ne retenir de la vie que des moments uniques. Dans son royaume - sa caravane, sa musique, ses héros - il est le maître du jeu. Mais voilà que Yacine rencontre par hasard Djibril, un ami d’enfance. Il se trouve alors confronté à ses origines, sa cité, ses frustrations, ses désirs inassouvis... Alors Yacine s’en va. Il décide de repartir à zéro, sans bagages ni attaches...
Critique : Andalucia est le parcours atypique d’un jeune Maghrébin sans entraves ni œillères, en quête du bonheur et de lui-même dans le quotidien d’un Paris réaliste, opposé au Paris idéalisé de Klapisch.
En s’affranchissant de la narration traditionnelle, Alain Gomis choisit, caméra à la main, de s’attacher à son personnage principal, Yacine, interprété par le lumineux Samir Guesmi. Jamais immobile, toujours vers l’avant, Yacine court en quête d’un idéal. La caméra le suit. Les images s’enchaînent, passant de gros plans scrutant la moindre de ses émotions à des plans plus larges évoquant son univers foisonnant et passionnant.
Comme le personnage principal de son film, Alain Gomis s’est libéré de toute contrainte, offrant un montage tout en zapping et en superpositions de séquences, qui donne au métrage une fluidité extraordinaire. Comme le personnage, il respire la liberté. Les images d’archives et la musique multiethnique au diapason de la sensibilité de Yacine donnent à ce deuxième long métrage d’Alain Gomis un rythme atypique, voire poétique, collant au multiculturalisme parisien et justifiant ainsi tout l’exotisme du titre.
Même si parfois le propos flirte avec les clichés, notamment lors d’une scène où Yacine est suivi par le vigile d’une supérette, on ne reste pas moins sous le charme de cette réalisation décalée. Alain Gomis nous livre une chronique onirique, où l’image de son protagoniste finit par se confondre avec les modèles du peintre El Greco.
Révolté, débordant d’énergie, et de combativité Andalucia est un film vivant, un petit moment de bonheur à vivre et partager dans un circuit d’art et essai ultra réduit, mais tout à fait fréquentable.