Le 3 février 2006
Quand la technique lui fait faux-bond, Anaïs est à la peine mais s’en sort par de jolies pirouettes. Très pro.
Avec son spectacle et son album live, "Cheap Show" (V2), Anaïs a conquis un public avide de nouveauté au rayon "variétés françaises". L’Aixoise s’est fait un prénom grâce à ses prestations scéniques, originales et drôles. Quand la technique lui fait faux-bond, lors de son concert à Rennes, Anaïs est à la peine mais s’en sort par de jolies pirouettes. Très pro.
En plus d’être un truc en vogue en ce moment, se rendre à un concert d’Anaïs c’est faire preuve d’une envie de mettre de côté toutes vos références en matière de spectacle guitare-voix. Anaïs le dit elle-même (voir notre interview) : elle fait autre chose que de la chanson française, ce qui n’est pas rien quand le label "Nouvelle chanson française" se trouve placardé comme une AOC chez les disquaires et dans les kiosques à journaux.
Ce soir-là à Rennes, la salle de l’Antipode affiche complet. On ne s’était pas trompé : le "Cheap Show" est un spectacle à la mode. Les deux premières parties, Thérèse puis Fanch, mettent dans l’ambiance. Surtout Thérèse d’ailleurs, qui a en commun avec Anaïs l’humour, dans et entre les chansons. La tête d’affiche de la soirée arrive sur scène, vêtue comme une joueuse de tennis rebelle arborant "Fuck Yoga" sur son T-shirt. Les applaudissements qui l’accueillent montrent à quel point le public est acquis à sa cause et à celle de Lynda Molay, son double québécois avec lequel elle entame le concert. A la sauce Anaïs, la Belle Province et ses représentantes font rire les chauvins que nous sommes, presque autant que les blagues sur nos voisins belges. L’audience est déjà captive quand elle rengaine l’accent et laisse les caribous dans le Grand Nord pour entonner son gros succès, Mon cœur mon amour, une parodie sur les couples hautement thérapeutique parce qu’elle permet de se moquer de soi-même. Et là c’est le drame : la pédale de sampler de la demoiselle tombe en rade. Cet accessoire, finalement indispensable, lui donne la liberté de quitter les refrains mignons pour aborder des délires musicaux plus extravagants. Et sans lui, le "Cheap Show" n’est plus le "Cheap Show".
D’abord patiente, puis passablement énervée, Anaïs se ressaisit et poursuit le concert dans l’humilité. Elle ne peut pas sampler sa voix, qu’à cela ne tienne : elle décide de mettre les spectateurs à contribution en leur faisant chanter des chœurs. La chansonnière trash a de la ressource et démontre que l’humour rattrape bien les soucis techniques, même si ce joyeux bazar se fait au détriment de la musique. Pas avares en encouragements, les apprentis chanteurs semblent plus embêtés pour l’artiste que pour eux-mêmes. C’est ainsi qu’Anaïs enchaîne les morceaux, en évitant soigneusement les Intermèdes et le Rap collectif, impossibles à réaliser sans le sampler magique. Rappelée sur scène quatre fois, elle fait hurler de rire en Carla Bourrée, toute ressemblance avec une chanteuse au filet de voix aussi mince que son corps étant totalement volontaire. Le public enthousiaste récoltera même des bribes de chansons inédites, aux paroles prometteuses ("J’ai attrapé le mal de toi, ou peut-être une angine/(...)/c’est toi que j’ai au fond de moi, ou peut-être un alien").
Malgré tout, la générosité d’Anaïs ne suffira pas à masquer sa déception de présenter un ersatz de concert. Nous aussi, on est un peu déçus d’avoir dû rechausser les charentaises de la chanson à textes. Mais il n’y a pas de quoi être rancunier, le vrai "Cheap Show", ce sera pour la prochaine fois, quand la technique se montrera moins capricieuse.
Les prochaines dates du "Cheap Show Tour" sur le site d’Anaïs
Tracklisting :
Même si la vie c’pas du foie gras
Mon cœur, mon amour
Elle sort qu’avec des blacks
Bad blues player
La vie est dure
La plus belle chose du monde
B-B baise moi
Impro
Twist "Surprise party"
Christina
Rappels :
Carla Bourrée
Je t’aime à en crever
...
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.