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Le 31 janvier 2006
Entre traditions familiales et eldorado qui semble inaccessible, le rêve américain pour les enfants d’immigrés. Un roman rageur.
Entre traditions familiales et eldorado qui semble inaccessible, le rêve américain pour les enfants d’immigrés. Un roman rageur.
Si Brian Ascalon Roley s’est fait remarquer aux Etats-Unis après la publication de ce premier roman, c’est certainement parce qu’il traite d’un thème qui a tout du vieux démon pour une grande partie de la population américaine. Philippin d’origine, Ascalon Roley s’appuie sur sa propre expérience pour dérouler un texte à multiples niveaux sur la quête d’identité. Par la voix d’un adolescent à la recherche de repères et de racines, c’est finalement toute une génération d’enfants d’immigrés qui s’exprime dans les lignes de ce roman, ironiquement baptisé American son.
Gabe a douze ans. Son père est parti sans laisser d’adresse et sa mère, immigrée philippine parlant mal l’anglais, fait de son mieux pour lui inculquer les valeurs en lesquelles elle croit. Si Gabe a tant de mal à suivre le chemin que sa mère souhaiterait lui voir prendre, c’est à cause de son grand frère, Tomas, qui l’influence énormément. Viré du lycée, Tomas élève des chiens de garde pour les revendre à une clientèle fortunée. Ce frère délinquant, fringué comme les types des gangs, tatoué dans le dos et sur les bras, a vu en Los Angeles la cité du fric facile. Face à une mère silencieuse et à un frère autoritaire, Gabe va tenter de reprendre son souffle en fuguant durant plusieurs jours, découvrant ainsi les dangers de la liberté et la confrontation avec un monde qu’il ne connaît pas et dont il a peur.
Si ce récit se démarque d’une production saturée de bons sentiments, c’est avant tout par la manière dont Ascalon Roley construit et fait parler ses personnages, instaurant une tension sourde et permanente entre les protagonistes de cette histoire, que l’on s’attend à voir exploser comme autant de grenades dégoupillées. C’est sans doute à travers la relation existant entre Gabe et sa mère que l’on prend le plus conscience de ce jeu de massacre et des blessures qui en découlent. Meurtris chacun à leur manière dans leur identité et dans leur âme, ils n’auront pas d’autre choix que de se tourner le dos. Et toutes ces failles, à force de se creuser, deviennent logiquement impossibles à combler. Peut-on s’intégrer en revendiquant ses origines ? Voilà une question d’une brûlante actualité...
Brian Ascalon Roley, American son (traduit de l’anglais par François Happe), éd. Christian Bourgois, 2006, 264 pages 23,00 €
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