American monster - La chronique BD

American Monster est une plongée dans l’Amérique profonde des rednecks. Les personnages de Brian Azzarello ont tous un point commun, leur immoralité. Il ne faut pas s’y tromper, le Monstre de cette histoire c’est l’Amérique elle-même et son état de déshérence. La jeunesse est tiraillée entre l’ennui et la misère, passe son temps entre drogue et sexualité déviante. Celui qui a de l’argent peut d’ailleurs acheter toutes les faveurs sexuelles qu’il souhaite dans l’indifférence générale. L’offre et le demande version capitalisme sauvage. La police en prend aussi pour son grade et laisse le champ libre aux milices mafieuses. Entre extrémistes religieux, défenseurs de la prolifération des armes à feu et white supremasists, pas de doute on est bien dans l’Amérique de Trump.

L’auteur de 100 bullets dépeint ici ce qu’il y a de pire dans la nature humaine. Le personnage de vétéran défiguré, vestige du traumatisme des dernières campagnes américaines, est le seul dont la monstruosité s’affiche. Il débarque dans cette ville supposée sans histoire et va servir de révélateur.
C’est donc sur une base très sombre que débute ce polar radical et ultra-noir. L’intrigue est somme toute classique et les personnages peuvent sembler caricaturaux mais le pessimisme qui suinte des planches de Juan Doe fait son effet.

Il faut du temps pour s’habituer aux dessins mais le découpage s’avère précis et extrêmement cinématographique. Le travail sur les couleurs et les contrastes font penser au Sin city de Frank Miller. On retrouve d’ailleurs une vraie filiation entre les deux œuvres. Les fans du genre se réjouiront de ce premier acte malgré la frustration liée à sa petite taille. D’autant plus que la fin, sans trop en révéler, laisse présager un beau feu d’artifice.
A noter que cette série est la première sortie de la maison d’édition Snorgleux Comics qui se lance cette année en France dans la distribution de Comics Indé. A suivre de très près...