Le 11 février 2018
Netflix fusionne son univers Marvel avec Blade Runner. Devinez lequel tire l’autre vers le bas.
- Acteurs : James Purefoy, Joel Kinnaman, Will Yun Lee
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Science-fiction, Thriller
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 2 février 2018
Résumé : Takeshi Kovacs est un ancien soldat et seul survivant d’un groupe de guerriers d’élite vaincus lors d’un soulèvement contre le nouvel ordre mondial. Son esprit est emprisonné "dans la glace" pendant des siècles, jusqu’à ce que Laurens Bancroft, un homme extrêmement riche et vivant depuis plusieurs siècles lui offre la chance de vivre à nouveau. En échange, Kovacs doit résoudre un meurtre... celui de Bancroft lui-même.
Notre avis : Que Netflix s’évertue à étendre son univers très fade de ses super-héros new-yorkais, toujours avec ses mêmes traits médiocres, soit, néanmoins cela devient plus problématique lorsque le géant américain réalise la même opération en adaptant un roman dystopique (que l’on n’a pas lu, mais là n’est pas le sujet) au potentiel bien prometteur. La tendance semble symptomatique de notre époque : les studios hollywoodiens paraissent décidés à fonder sur un mensonge leur prétendue subversion (lorsqu’on peut prétendre qu’il y en a une, ce qui en soi est déjà un événement) en multipliant la violence, le cul, et les fucks. Recette puérile presque insultante pour le spectateur, hautement considéré comme crédule devant ce spectacle sans aucun impact vendu comme un divertissement cyber-punk-o-trash. Ce que fait Altered Carbon, c’est banaliser la violence, avec deux conséquences majeures : la série ne nous sort jamais de notre zone de confort, et nous habitue à ce à quoi l’on ne devrait pas être habitués. Dans une scène de torture boursouflée par une réalisation pompeuse, un personnage se fait couper les jambes et cramer la tronche dans une propreté esthétique assez dérangeante tant elle ne provoque le (petit) malaise que par ce qu’elle montre (le sujet de la scène), et non pas par la manière divertissante dont elle le montre.
- Copyright : Netflix
Altered Carbon avait de la matière pour faire du sale, un environnement crado et perverti ainsi qu’un concept d’enveloppe malsain qui en entraîne d’autres tout autant malsains, mais choisit à la place de présenter l’histoire dans ce qu’elle a de moins entraînante, en broyant les thématiques dans des choix narratifs douteux. Parce que l’histoire de Altered Carbon ne constitue clairement pas son fort, la série aurait gagné à développer une ambiance, surtout quand autant d’argent fut dépensé à créer cet univers pas forcément original, mais très accrocheur. Le souci vient probablement du fait que Altered Carbon aurait alors eu une personnalité affirmée, contraire à la volonté de Netflix d’aseptiser sa production comme un petit Luke Cage ou Iron Fist. Le moule est rageant tant il emprisonne et annihile tout l’intérêt d’un projet comme celui-ci, questionnant l’importance de la vie et de la mort comme The Punisher pouvait aborder le PTSD, c’est-à-dire avec des dialogues vindieselien. De Blade Runner, Altered Carbon n’a emprunté que le visuel, pas la sève, ni l’intelligence de contourner son histoire ronflante pour devenir quelque chose d’autre, de plus fort. Comme exemple parmi tant d’autres, on pourrait évoquer la manière dont est exploitée l’idée de confronter Takeshi dans sa dernière enveloppe à son enveloppe précédente. Le show Netflix tenait alors une extension intéressante de son concept, et vers quoi débouche t-elle ? Un vulgaire combat de MMA d’une durée de 5 minutes histoire d’offrir son quota de scènes d’actions sans âme. La série regorge de petites idées, mais qui ne débouchent souvent sur rien.
- Copyright : Netflix
Ce qu’il reste de cette adaptation qui ne développe rien et qui ne doit donc pas s’étonner de l’indifférence du spectateur est son aspect sympathique disséminé ça et là, surtout dans la première moitié de la saison. Dialogué à outrance, Altered Carbon arrive malgré tout à faire sourire par le cynisme de son personnage principal néanmoins en déficit d’épaisseur sur la globalité de la série. Joel Kinnaman fait ce qu’il peut, mais il faut avouer qu’il n’est pas aidé par une écriture torchée sur tous les derniers épisodes, qui tirent définitivement la chasse de tout potentiel pour finir sur une intrigue des Experts fondée sur une alchimie négative entre Takeshi et Rei. Altered Carbon ne réalise aucun effort pour crédibiliser leur relation (cet interminable épisode flashback...), et s’attend à ce que l’on se sente concernés par les tourments du protagoniste. Rien n’y fait, l’aseptisation de la série la plonge dans une morosité à presque tous les niveaux, incapable d’élever son intrigue et ses personnages stéréotypés pour leur donner une consistance autre que celle dictée par des carcans balisés que nous rabâche l’industrie hollywoodienne à longueur de temps. Partir du cliché de la policière mexicaine nerveuse n’est pas un problème en soit si on évite d’en faire tout au long de la série une Jessica Jones bis (déjà assez chiante) qui s’énerve en espagnol. Comble du comble, ce personnage, Ortega, que l’on veut nous faire passer comme forte et indépendante se fait plus souvent capturer (et donc sauver) que Mary Jane dans la première trilogie Spider-Man, révélateur de la tromperie de cette série qui use de poncifs déjà bien cramés. Et ce n’est pas avec sa façade trash en toc que Altered Carbon peut arriver à nous duper. Un produit consommable haut de gamme, c’est tout.
- Copyright : Netflix
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kirjava 16 février 2018
Altered Carbon saison 1 - la critique (sans spoiler)
Potentiel, image, personnage, sexe et violence, violence, violence, violence, viol ?
On en est presque à souhaiter qu’une enquête sérieuse soit menée au niveau mondial, type "panama papers", sur les ressorts, sources et montages des productions majeures de cinéma et de séries, où sont recyclés indéfiniment la violence, la mort, le sang, le cynisme, le sexe caricatural, qui finance vraiment toute ce terreau pour merde mentale ?
La série serait fantastique sans toute cette ultra violence, étirée, allongée et finalement banalisée, stupide, insensée ;
Les rapports d’inégalités, la mise en abime avec l’immortalité passent complètement à côté, et l’esthétique morbide prend le dessus.
L’autorité de la violence ?