Albert à l’ouest - Seth MacFarlane - critique

Critique : Si Ted boitait du scénario et souffrait d’une allure générale de romcom en gélatine, le premier film du glorieux père des Griffin ne manquait pas d’audace et de vannes à tête chercheuse. La chose était surtout bâtie sur une bonne idée originale, c’est-à-dire tout l’inverse de son successeur, qui risque de laisser une tâche indélébile sur le CV rutilant d’un MacFarlane en roue libre. Le concept : L’Ouest américain est un enfer dont l’air vicié respire la mort et les MST moyenâgeuses. Un endroit peu recommandé pour les bergers naïfs comme le pauvre Albert - joué par Seth lui-même - qui peine d’ailleurs à faire oublier Mark Wahlberg à chaque plan. Mais une fois ses pauvres fondations de western parodique posées, Albert à l’ouest s’enfonce dans un bain moussant de slapstick douteux, de gags éculés et de mièvrerie d’entrée de gamme. Un film tourné pour de mauvaises raisons et pour le mauvais public, puisque les fanboys d’American Dad ne reconnaitront qu’à grand-peine la verve du grand patron de l’humour scato-langue de pute, dont ce trop long métrage fadasse devrait abîmer la statue.

Bien sûr, MacFarlane restant MacFarlane, quelques trouvailles d’idiot brillant (comme la délicieuse Sarah Silverman en dame de mauvaise vie maquée à un boy-scout puceau) et une poignée de répliques venues d’Uranus tiennent la tête du film hors de l’eau (sachez juste que le mot MilaKunis intègre le dialecte apache). Mais ni le casting prestige (Liam Neeson, Charlize Theron, Neil Patrick Harris), ni les nombreuses chutes façon vidéo-gag de la chose ne l’empêchent de dépasser le stade d’imbécilité sous-vide, à regarder d’un œil le dimanche soir en prévision d’un lundi chargé. Sachez-le, le script autoroutier d’Albert à l’ouest et son air de sous-Mel Brooks trempé dans une romance pour ménagères déprimées ne sollicitera que 25 % de vos neurones. Libre à vous d’utiliser le reste pour organiser la journée du lendemain, ou imaginer tout ce qu’aurait pu être le film si MacFarlane avait pris la chose par les tripes, et un peu moins au sérieux. Nous espérons d’ailleurs que l’animal a des soucis d’argent, et que c’est la seule et unique raison qui l’aura poussé à solder son talent pour accoucher de pareil produit. Venant d’un quidam, nous aurions dit « mouais », mais sorti des entrailles de Seth, Albert à l’ouest frise l’inacceptable. Reste la traduction de son titre, douloureusement pertinente.