Le 24 décembre 2013
Solidement animé, le space opera nippon propose une résurrection au bluff, sans jeu, mais avec de belles cartes.
- Réalisateur : Shinji Aramaki
- Acteurs : Shun Oguri, Haruma Miura, Yū Aoi
- Genre : Science-fiction, Aventures, Animation, Film pour enfants
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Océan Films
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 16 novembre 2024 21:00
- Chaîne : Syfy
- Titre original : Space Pirate Captain Harlock
- Date de sortie : 25 décembre 2013
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Résumé : 2977. Albator, capitaine du vaisseau Arcadia, est un corsaire de l’espace. Il est condamné à mort, mais reste insaisissable. Le jeune Yama, envoyé pour l’assassiner, s’infiltre dans l’Arcadia, alors qu’Albator décide d’entrer en guerre contre la Coalition Gaia afin de défendre sa planète d’origine, la Terre.
Critique : Guère aidé par une VF boiteuse et sa raideur générale, l’Albator 2.0 de Shinji Aramaki ne s’impose pas d’emblée – quoi qu’en dise James Cameron – comme une jonction enfin accomplie entre esthétique du jeu vidéo et grammaire du cinéma. Il faut même un certain temps aux cerveaux à la fois enthousiastes et réfractaires pour effacer la désagréable impression de contempler la titanesque cinématique d’un Final Fantasy inédit (on retrouve sans surprise l’ex-designer de Square Enix Kengo Takeuchi au générique) et rentrer de pleine botte dans un film moins congelé et plus ambitieux que ses premières séquences. Coureur visuel de fond, armé de lumières et de textures bouleversantes, progressivement lesté par la mélancolie solennelle de ses ambiances, une bande-son ultra immersive, des joutes cosmiques d’acier ou la rigueur classe cinéma de ses découpages, l’exercice de style devenu film s’apprivoise au long cours. Tout n’est pas du meilleur goût, notamment les pompeux mouvements de capes d’un Albator badass jusque dans le textile, tous les plans cherchant globalement à propulser le pirate dépressif du film aussi haut que son mythe pop-culturel ; mais à l’image d’un cadeau mal emballé, on oublie l’inélégance du contenant pour saluer le contenu : le plus célèbre borgne intergalactique est de retour, et l’on finit par retrouver derrière les yeux vides de son fantôme digital la morgue classieuse de l’icône pondue par Leiji Matsumoto.
- © Océan Films
Avec ses cinq ans de développement, ses sommes de fric (plus de trente millions de budget) et de travail plastique, le monstrueux détail de ses environnements et le poids de sa franchise à l’esprit, cet Albator gonflé d’ambition se sait investi d’une tâche suprême, et le fait rapidement savoir. Nouveau récit injecté au cœur d’une saga multi-supports déjà solidement étoffée depuis plusieurs décennies, il commet pourtant un péché scénaristique mortel : associer folie des grandeurs et démence des profondeurs. Gavé de twists pénibles, de fausse complexité politique, de caractérisations mouvantes parce qu’indécises, de zones d’ombre toujours plus nombreuses, d’issues prévisibles ou de personnages-marionnettes épais comme des feuilles A4 et sacrifiés sur l’autel du retournement de situation, la pompe imbécile de ce récit à quintuple fond ne se marie jamais au panache de sa forme, et porte en lui – en étant pourtant japonais – toutes les tares du blockbuster occidental actuel. Bavard mais sans propos, obsédé par l’idéalisme résistant du manga originel mais incapable de l’incarner, parce que focalisé sur l’ambivalence forcée de ses personnages, le film d’Aramaki est aussi gonflant que gonflé, notamment lorsqu’après avoir bien piétiné la statue de son icône, il tente désespérément d’en réparer l’âme et les membres en élevant le symbole Albator au-dessus de l’homme, aussi faillible que vous, moi, ou votre mère. Merci Chris Nolan.
- © Océan Films
Reste qu’en sachant débrancher vos neurones aux moments idoines et en tâchant de voir la chose en VO, vous pourrez sauver de cet Albator ce qui doit l’être : une ampleur rare, une 3D flatte-rétine, quelques séquence frissons et la promesse d’un autre cinéma d’animation, luttant pour la paix des médiums.
- © Océan Films
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