Le 16 novembre 2016
La réponse d’un collectif barcelonais à la crise économique subie par l’Espagne, qui a mis sur la paille des milliers d’hommes et de femmes. Un documentaire fougueux et exaltant qui donne envie de poursuivre le combat.
- Réalisateur : Silvia Munt
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Espagnol
- Durée : 1h22min
- Titre original : Afectados
- Date de sortie : 16 novembre 2016
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Résumé : Frappée de plein fouet par la crise économique de 2008, l’Espagne a vu son taux de chômage frôler les 27% en 2012. Des centaines de milliers de personnes se sont alors retrouvées dans l’incapacité de rembourser leur crédit immobilier puis expulsées de leur logement, tout en restant endettées auprès de leur banque. A Barcelone, un collectif citoyen, apolitique et spontané, s’est mis en place pour proposer son aide à ces victimes de prêts toxiques –des hommes et des femmes de tous âges et de tous horizons qui n’auraient jamais pensé qu’ils pourraient un jour se retrouver sans emploi et sans toit. Et qui n’auraient peut-être jamais osé demander de l’aide, meurtris par la honte et l’incompréhension. A travers l’entraide et la solidarité, ils vont reprendre espoir et surtout voir la vie et le monde qui les entoure sous un nouveau jour.
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Notre avis : Pour évoquer ce poignant documentaire, on pourrait emprunter les termes de François Bégaudeau concernant le dernier Ken Loach : Le libéralisme n’est pas un mot ; c’est une somme de situations vue et-ou vécues par des gens meurtris dans leur chair, dans leur coeur. Ces propos s’appliquent complètement au film Afectados, supposent une urgence à ne pas s’économiser, lorsqu’il s’agit d’évoquer les ravages d’un système profondément injuste qui, à travers la crise financière de 2008 et son impact dévastateur, a mis des milliers de gens à la rue. En Espagne, comme ailleurs.
La réalité sociale de cette paupérisation accélérée investit des corps, de vrais corps secoués de sanglots, interrompus dans leur récit d’une déchéance, par des effusions protectrices ou des paroles apaisantes. D’où viennent ces mains tendues ? D’une association de citoyens pour le droit au logement, qui a pris acte d’une situation alarmante.
En effet, les nouveaux chômeurs espagnols, devenus insolvables, n’ont pu faire face à leurs dettes. Or, la loi hypothécaire du pays, qui permet d’expulser et de déposséder une famille de son domicile tout en maintenant sa dette auprès de la banque, a mis à la rue plus de 600000 personnes depuis le début de la crise. Incapables de payer, ces précaires se sont retrouvés dans une situation désespérée.
C’est pour eux qu’a été initiée La Plateforme des victimes de crédits hypothécaires (PAH). Ce mouvement a été créé en février 2009 et il existe dans toute l’Espagne.
Il se fait fort d’obtenir une dation de paiement pour chaque citoyen, c’est-à-dire une annulation de la dette à 100%, moyennant la cession du bien immobilier requis par l’Etat.
A Sabadell, dans un bâtiment appelé La Granja del Pas, des centaines de personnes se réunissent chaque semaine. Chacun à tour de rôle, des citoyens racontent ce qui leur est arrivé, réprimant leur tristesse. Un homme explique qu’après avoir perdu son emploi, il se retrouve dans l’incapacité de rembourser un crédit de 220000 euros qu’il a contracté auprès d’une banque. Une mère d’un enfant de 6 ans, qui attend un bébé, avoue qu’elle ne dispose plus de revenus pour louer une chambre ou un appartement. Lorsque l’émotion la submerge, elle est réconfortée par d’autres personnes de l’assistance. Bientôt, l’expression d’une parole bienveillante exhorte une femme à lui proposer un hébergement. Elle aussi est menacée d’expulsion. La solidarité s’organise, chacun trouve du réconfort à la PAH.
Des témoignages face caméra viennent conforter les prises de paroles publiques : oui, les dégâts de la crise économique mondiale ont acculé des gens que rien ne destinait à la pauvreté et qui demeurent, pour la plupart, hébétés par la violence de ce qu’ils subissent. C’est la conclusion de ce documentaire, d’autant plus émouvant que le discours de la déploration ne redouble pas la moindre velléité de vengeance contre l’injustice. En dépit de certaines victoires remportées sur la précarité, en dépit d’une manifestation joyeuse qui dénonce le mercantilisme des banques, en dépit d’un squat volontariste dans une agence de la BBVA, le malheur est là, à nu, dans toute son implacable vérité, assorti de questions quasiment existentielles, qui interrogent un système tout entier : "Qu’est-ce qu’ils cherchent ? Qu’est-ce qu’ils veulent ? Qu’est-ce qu’ils attendent de nous ?". Si la fin du film paraît plus optimiste, elle ne dessine pas les contours d’un monde qui serait aussi solidaire que cette indispensable association barcelonaise.
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