La vengeance d’une actrice
Le 28 avril 2007
Ni un portrait d’actrice, ni la comédie sophistiquée qu’elle souhaiterait être, Adorable Julia est juste un divertisssement plaisant. Un de plus.


- Réalisateur : Istvan Szabo
- Acteurs : Annette Bening, Jeremy Irons
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain

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– Durée : 1h45mn
– Titre original : Being Julia
Ni un portrait d’actrice, ni la comédie sophistiquée qu’elle souhaiterait être, Adorable Julia est juste un divertisssement plaisant. Un de plus.
L’argument : Londres, années 30. Julia est une actrice de théâtre célèbre depuis de longues années. Mais la concurrence de la nouvelle génération se fait de plus en plus sentir, notamment une jeune actrice qui menace sérieusement la vie qu’elle s’est construite.
Notre avis : Gloria Swanson arpentant le gigantesque escalier de sa demeure, comme pour se persuader qu’elle est toujours au sommet (Sunset Boulevard, chef-d’œuvre). Gena Rowlands enchaînant les crises de nerfs avec une régularité métronomique (Opening night, chef-d’œuvre). On le sait, la figure de l’actrice vieillissante à souvent inspirée les cinéastes, qui y ont vu une occasion de conjuguer une angoisse universelle (la peur de vieillir, plus que jamais présente dans nos sociétés) à une réflexion sur l’artificialité du monde du spectacle. Adorable Julia ne fait pas exception et joue sur les deux tableaux, quitte à s’emmêler les pinceaux.
Soyons honnête, le film nous a surpris. Là où le sujet laissait craindre un mélodrame pataud, un énième "film à Oscar(s)", Istvan Szabo, opte pour un traitement plus léger, plus ludique. Mais finalement assez vain, le film affichant un académisme vieillot, se contentant de ronronner au rythme de croisière. L’adorable Julia, puisque tout tourne autour d’elle, c’est Annette Bening. Radieuse et pétillante, elle livre une prestation estampillé "Actors studio", grimaces et travail sur la respiration à l’appui. Les fans apprécieront, ils lui ont d’ailleurs décerné un Golden Globe de la meilleure actrice. Parfois agaçante, elle parvient toutefois à porter le film sur ses épaules, faisant preuve d’une détermination à toute épreuve. Dommage que le cinéaste, et son scénariste, n’affichent pas la même aisance, hésitant constamment entre deux pôles : la farce (gentille, assez jubilatoire) et le drame passionnel, bien moins convaincant. Malgré les efforts des acteurs (soulignons la présence du toujours impeccable Jeremy Irons), les personnages demeurent d’une fadeur psychologique frustrante. Plutôt décevant de la part d’un film qui ambitionne de raconter l’illusion théâtrale.
Le tout rappelle vaguement le Eve de Mankiewicz, le piquant en moins. Une impression de réchauffé qui se poursuit jusqu’au final, fonctionnant sur le sacro-saint principe du retournement de situation, à l’humour vachard des plus convenus. Comme pour tout film américain de cette envergure, le charme de la reconstitution fait illusion, le temps de quelques scènes, surtout lorsqu’il s’agit de raviver un certain glamour d’avant-guerre (joliment mis en valeur par une photographie élégante). Suranné, mais plaisant.
Il est toujours fascinant de voir une œuvre tomber dans les travers mêmes qu’elle décrit. Adorable Julia est à l’image de son personnage-titre : à trop se complaire dans la représentation, tout nous paraît factice.