Adaptation - Spike Jonze - critique

Critique : On se demandait ce qui allait bien pouvoir sortir de l’esprit tordu du scénariste Charlie Kaufman, après l’ébouriffant et génial Dans la peau de John Malkovich. Lui aussi apparemment. Sollicité pour écrire l’adaptation du best-seller de l’écrivain new-yorkais Susan Orlean, Le voleur d’orchidées, Kaufman sèche. Que faire de cette histoire vraie, basée sur le parcours d’une journaliste, qui découvre les origines de sa propre vocation alors qu’elle enquête sur la passion d’un homme obsédé par les orchidées rares ? Après de multiples crises d’angoisse muées progressivement en une véritable dépression, Kaufman se précipite chez son complice, le réalisateur Spike Jonze, avec la solution : explorer ses propres difficultés à écrire un scénario dans ledit scénario. Et pour ce faire, il s’invente un frère jumeau, Donald.

Et voilà le spectateur embarqué, entre fiction et réalité, dans l’exploration du processus de création. L’idée est séduisante, et même s’il faut un temps pour s’habituer aux multiples niveaux de narration du film (de Charlie Kaufman le vrai à ses doubles cinématographiques Charlie et Donald, en passant par Susan Orlean), on entre, ravi et gourmand, dans l’univers singulier du duo Kaufman-Jonze. Les retrouvailles sont d’abord réjouissantes tant les bonnes idées se succèdent. Mais, rapidement, à vouloir en dire trop, le film devient bavard et indigeste. D’abord fascinantes, les interrogations quasi-existentielles du personnage principal finissent par être abrutissantes. Sans doute cela tient-il non pas au scénario lui-même, qui s’attache avec beaucoup d’intelligence à développer subtilement les interférences entre les divers récits, mais à une réalisation qui manque de rythme.

Difficile d’avoir une opinion tranchée. On a beau sortir dépité, et particulièrement éprouvé par les interminables vingt dernières minutes du film, on est malgré tout conquis par les belles performances des comédiens. A commencer par Nicolas Cage, qui jongle, avec bonheur, entre un Charlie morose et hypercritique et son jumeau Donald amusant et optimiste. Le face-à-face entre Meryl Streep et Chris Cooper fonctionne également très bien.

Avons-nous été trop exigeants ? C’est vrai que la barre avait été placée très haut avec Dans la peau de John Malkovich, puis le fantasque Human Nature. Sans doute que Kaufman et Jonze, auréolés par leurs précédents succès, ont péché par orgueil, se laissant emporter par leur délire, au risque d’en oublier le spectateur. Qui n’en ressort pas fâché... Juste un peu déçu.

– Le DVD

– Édition 1 DVD
– Format image : 1.85 - 16/9 compatible 4/3, couleur
– Audio : Dolby Digital français 5.1, anglais 5.1
– Sous-titres français
– Chapitré / couleur
– Tous publics

Les suppléments
– Analyse filmique : regards sur... (23’)
– Bandes-annonces