Avanim
Le 15 décembre 2009
Rude dans son fond, subtil dans sa forme, Adama mon kibboutz constitue une œuvre où convictions et idéaux se conjuguent pour présenter à la fois les dérives d’un système et les forces individuelles contestataires.
- Réalisateur : Dror Shaul
- Acteurs : Tomer Steinhof, Ronit Yudkevitz, Shai Avivi
- Genre : Drame
- Nationalité : Israélien, Japonais, Allemand
- Date de sortie : 16 décembre 2009
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– Durée : 1h37mn
– Titre original : Adama Meshuga’at
Rude dans son fond, subtil dans sa forme, Adama mon kibboutz constitue une œuvre où convictions et idéaux se conjuguent pour présenter à la fois les dérives d’un système et les forces individuelles contestataires.
L’argument : Années 70, Sud d’Israël. Dvir Avni, 12 ans, vit dans un kibboutz avec sa mère, Miri, dépressive. Dans cette communauté où la vie est dictée par des règles strictes, l’enfant se rend vite compte que sa mère a été abandonnée à son sort.
Cet été-là, il entame l’année qui précède sa bar-mitsvah. Il doit remplir une liste de tâches pour satisfaire les idéaux du kibboutz. Il essaie de poursuivre ses activités communautaires tout en prenant soin de sa mère.
Ce fragile équilibre va être bouleversé par l’arrivée de Stephan, le prétendant suisse de Miri, qui découvre le kibboutz pour la première fois.
Notre avis : L’allitération entre le prénom du héros d’Adama mon kibboutz, Dvir, et celui de son réalisateur, Dror, n’est pas le fait du hasard : le scénario de ce long-métrage est largement inspiré de l’enfance du cinéaste. Dans une idée d’authenticité complète, il témoigne par-delà ses souvenirs aux allures de photo vieillie, du climat caractéristique d’Israël, très ensoleillé. Rythmé par les saisons, le récit rend compte de la réalité de ce pays au début des années quatre-vingts.
Comme son titre l’indique, Adama mon kibboutz évoque la vie d’un kibboutz. Le réalisateur s’attache à montrer le quotidien communautaire, la non propriété des biens, le partage des tâches. Mais derrière cette apparente solidarité, cette symbiose des hommes, Dror Shaul tend surtout à montrer qu’il ne s’agit que d’un miroir aux alouettes. Le système soit-disant équilibré se fissure - idée omniprésente suggérée dès le générique : l’écran se craquelle au rythme du son exacerbé d’aliments que l’on découpe. Dans cette société miniaturisée, l’individualité est littéralement anéantie par le poids des règles qui la dirigent. Alors qu’à l’origine, les kibboutzim avaient pour but de valoriser le travail commun et de réunir la communauté juive, l’expérience de Dror Shaul témoigne d’une toute autre réalité dans laquelle l’individualisme est toujours présent, voire d’autant plus fort que l’on doit se cacher parce que l’on n’a pas le droit de prendre des décisions sans en faire part au groupe. Le milieu dans lequel le héros évolue ne reflète pas l’idée noble initiale du socialisme mais est l’exposition d’un univers où le coordinateur du domaine donne des leçons et distribue des punitions, mais défend avant tout son intérêt et domine l’ensemble du groupe. L’ouverture sur une séquence de zoophilie auquel l’enfant assiste, caché et effrayé, donne le ton : l’autorité supérieure du kibboutz est toute puissante et personne ne peut, ni n’ose, l’affronter : on ne peut imaginer (ou on ne veut pas voir) sa malfaisance.
Le visage du personnage principal, toujours filmé en plans serrés, évolue au cours du récit et se durcit. Adama mon kibboutz se déroule sur une année durant laquelle Dvir se prépare à sa Bar-Mitsva (qui prend des allures d’entraînement militaire). Dans le rite juif, cette cérémonie, par la lecture à voix haute des rouleaux de la Torah, sonne le passage à la vie adulte : le garçon est apte à percevoir et comprendre sa religion et à devenir responsable. Mais ici, la judéité n’est pas au cœur des préoccupations de l’enfant. Son initiation se fait par la découverte du monde, la perte de sa naïveté quand il discerne que sa famille et lui sont trompés et qu’il accepte enfin l’absence définitive d’un père (qu’il pense un moment retrouver en la personne du nouveau compagnon de sa mère) pour devenir un homme subvenant seul à ses besoins.
Récit de la douleur et de la violence faite aux hommes lorsque leur liberté est entravée, Adama mon kibboutz témoigne de la volonté et du besoin d’idéal. Cette expérience de vie est terrible mais l’espoir est palpable car la révolte provient d’un enfant suffisamment lucide pour percevoir qu’il ne pourra pas grandir dans un tel climat. Le titre français de ce long-métrage par le pronom possessif « mon » illustre que le kibboutz constitue Dvir, qu’il fait partie de lui, à la fois contestataire et libérateur ; un tremplin vers une vie nouvelle.
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