Le 23 avril 2022
Quand une grand-mère atteinte d’une hémorragie cérébrale persécute sa petite-fille, cela donne une récit haletant mais parfois confus.


- Réalisateur : Paco Plaza
- Acteurs : Almudena Amor, Vera Valdez, Karina Kolokolchykova, Marina Gutiérrez, Berta Sánchez
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur
- Nationalité : Espagnol
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 31 octobre 2022 22:38
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Titre original : La abuela
- Date de sortie : 6 avril 2022
- Festival : Festival de Gérardmer 2022

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Résumé : Susana, un jeune mannequin espagnol, est sur le point de percer dans le milieu de la mode parisien. Mais quand sa grand-mère est victime d’un accident la laissant quasi paralysée, Susana doit rentrer à Madrid dans le vieil appartement où elle a grandi afin de veiller sur celle qui constitue son unique famille. Alors qu’approche leur anniversaire commun, de vieux souvenirs resurgissent en parallèle d’événements étranges, et le comportement de sa grand-mère devient de plus en plus inquiétant…
Critique : Le cinéma de Paco Plaza a d’intéressant qu’il joue toujours entre la réalité, dans ce qu’elle peut avoir de surprenant, et des apparitions fantomatiques. C’est une nouvelle fois tout l’enjeu de cet Abuela qui oppose une vieille femme rongée par la sénilité et une toute jeune mannequin, aux prises avec un appartement a priori démoniaque. La grand-mère sort de l’hôpital. Sa petite-fille refuse de l’abandonner dans un hospice et c’est sans doute la pire idée qu’elle ait pu avoir. Car la dame, privée de paroles, se met à développer des comportements certes étranges, mais qui ont tout l’air d’une emprise paranormale.
- Copyright Wild Bunch Distribution
Le vrai sujet du film demeure la peur de vieillir et la perte d’autonomie, à l’approche de la mort. Ce thème est de plus en plus abordé sur les écrans, et l’a même été sur un mode fantastique ou horrifique. En ce sens, il n’y a pas beaucoup d’originalité dans le film. Mais Paco Plaza sait faire monter la sauce. Il installe une mise en scène poisseuse dans un appartement chic de Madrid qui sert quasiment de décor unique pendant presque une heure quarante. On retrouve d’ailleurs beaucoup du style Rec qui jouait avec l’enfermement et la montée progressive de la tension, jusqu’à la scène finale où une sorte de sorcière macabre révélait sa présence. On peut d’ailleurs se demander pourquoi le réalisateur s’acharne à décrire des monstres féminins, qu’il s’agisse d’ailleurs ici de cette vieille dame ou de l’ensemble des jeunes mannequins qui hantent le récit, tant elles sont obnubilées par le temps qui passe et la crainte de passer à côté d’un contrat. La pauvre Susana, contrainte de rester auprès de son aïeule, finit par perdre toutes les opportunités de carrière et il ne lui reste plus qu’à contempler la seule affiche où elle pose au-dessus de la bouche des métros.
- Copyright Wild Bunch Distribution
Abuela est un film cruellement contemporain. Il regarde la perte d’autonomie des anciens, l’acharnement des plus jeunes à sauvegarder leur image, et l’indifférence d’une société qui relègue à l’abandon les personnes âgées. En ce sens, le film est tout à fait réussi. Pour le coup, le registre fantastique est peut-être ce qu’il y a de plus poussif. On se perd dans des dédales d’informations qui finissent par lasser le spectateur au lieu d’éveiller son angoisse. La narration pose beaucoup de questions, mais n’apporte pas vraiment de réponses. Cette façon d’ailleurs de soulever des hypothèses est très propre au cinéma de Plaza. Mais, cela ne fonctionne pas toujours et le spectateur a besoin de trouver des explications aux comportements bizarres de cette grand-mère.
- Copyright Wild Bunch Distribution
Abuela atteint son but : faire frémir le spectateur tout en lui donnant l’occasion de réfléchir à la place laissée aux anciens en perte d’autonomie dans la société. Surtout, le film pose le dilemme terriblement banal de la peur de vieillir et de succomber à la mort.