Chirurgie sauvage
Le 15 juillet 2014
La collaboration entre le jeune cinéaste Arnold de Parscau et Benoît Delépine présentée en compétition cette année à Gérardmer n’est pas le sursaut attendu dans une production de genre à la française terriblement amorphe, en attendant peut être Aux Yeux des Vivants ?
- Réalisateur : Arnold de Parscau
- Acteurs : Virginie Ledoyen, Yolande Moreau, Florence Thomassin, Serge Riaboukine, Philippe Nahon, Denis Ménochet
- Genre : Thriller
- Nationalité : Français, Belge
- Date de sortie : 16 juillet 2014
- Festival : Gérardmer 2014
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La collaboration entre le jeune cinéaste Arnold de Parscau et Benoît Delépine présentée en compétition cette année à Gérardmer n’est pas le sursaut attendu dans une production de genre à la française terriblement amorphe, en attendant peut être Aux Yeux des Vivants ?
L’argument : Un homme se réveille dans un terrain vague, sans aucun souvenir de la veille, une cicatrice au bas du dos. Une ancienne maîtresse, chirurgienne, lui apprend qu’on lui a volé un rein. Obnubilé par ce vol, il va tout sacrifier pour le retrouver : sa famille, son travail… jusqu’à sombrer dans la folie.
Notre avis : A en croire Benoît Delépine (Mammuth, Le grand soir en duo avec son incorrigible complice Gustave Kervern), ici scénariste, les prémices d’Ablations prêtent à sourire. D’après ses dires, l’idée du film lui serait venue un lendemain de cuite lorsqu’il s’imagina avoir été la victime d’un vol d’organe. Afin de trouver un réalisateur pour mettre en boîte son histoire, il décide simplement de taper sur un moteur de recherche bien connu : "jeune réalisateur fan de Lynch et Polanski", et bim ! C’est le nom d’Arnold de Parscau qui ressort et qu’il retiendra (le jeune rennais a réalisé Tommy, un court métrage prometteur qui se verra décliné sous forme de clip musical pour le morceau "Good Day Today" de David Lynch).
A s’y méprendre, Ablations débuterait presque comme un Twin Peaks à la française avec une scène d’ouverture qui parvient à faire remonter à la surface les images de la découverte du corps de Laura Palmer. Sauf qu’ici la jeune femme est remplacée par un homme, Pastor (Denis Ménochet) et que ce dernier n’a pas encore rendu son dernier souffle. Il se réveille dans un terrain vague en périphérie d’une zone urbaine, hagard et sans souvenir de la veille. Rapidement, il va s’apercevoir qu’il porte un pansement cachant une cicatrice en bas du dos et découvre avec stupéfaction qu’un rein lui a été prélevé. Pastor décide alors de mener sa petite enquête et tout mettre en œuvre pour retrouver les chirurgiens sauvages.
Une recherche d’organe qui va pourtant très vite se heurter à une accumulation de mauvaises décisions artistiques. La réalisation d’Arnold de Parscau ne se montre inspirée que dans de trop rares occasions et à part deux ou trois tentatives d’immersions surréalistes lynchiennes, il manque la petite touche de personnalité attendue pour se démarquer du simple emprunt à ses influences. Autre défaillance majeure à relever, la direction artistique qui s’avère ici très en deçà des attentes. Avec un casting qui laissait pourtant transparaître un vrai potentiel en disposant de la présence de Philippe Nahon et Yolande Moreau dans le rôle du couple des chasseurs d’organes (du taillé sur mesure !), les espérances vont très vite se dissiper dans la mesure où ces derniers ne se retrouvent avec finalement rien de très intéressant à jouer. Serge Riaboukine, autre vraie gueule du cinéma hexagonal vient surjouer un président de club de foot beauf et exécrable, quant à Denis Ménochet et Virginie Ledoyen, sans forcer, ils livrent le service minimum. Le ton général du film peut se montrer déroutant avec ses sursauts d’humour absurde made in "Groland" qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe au milieu de la gravité de la situation vécue par Pastor.
D’autre part, certains choix scénaristiques peuvent laisser songeurs. Dans pareille situation il est tout de même assez aberrant de ne jamais tenter de faire appel à la police, ce trop-plein d’investigation mené en solo finit par montrer ses limites. Les quiproquos conjugaux entre Pastor et sa femme et le petit contre-pied de la chute montrant les trafiquants sous leur vrai jour retiendront, quant à eux, un peu plus l’attention. Au final, le premier long métrage du jeune cinéaste breton a bien du mal à trouver sur quel pied danser. Si les défauts inhérents à une première œuvre passent encore, les errances perpétuelles entre enquête étrange et comédie absurde finissent en revanche par lasser. Par conséquent, le renouveau du genre à la française ne passera pas par Ablations.
L’article s’intéresse au montage proposé lors de la diffusion du film à Gérardmer. Un nouveau montage sera proposé dans les salles, lors de la sortie prévue au 16 juillet 2014
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