Le 24 août 2020
Une barque pleine de clichés, malgré une belle photographie. Le récit initiatique chemine vers une conclusion attendue, la romance exhale un mièvre parfum.


- Réalisateur : Arnold de Parscau
- Acteurs : Hari Santika, Dorcas Coppin, Elisza Cahaya, Jean-Pol Brissart
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Wayna Pitch
- Durée : 1h35min
- Date de sortie : 26 août 2020

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Résumé : Eka est un jeune Balinais de 25 ans vivant dans un petit village perdu au nord de Bali. Par amour pour Margaux, belle étudiante en piano expatriée sur l’île avec sa famille française dans une luxueuse villa, Eka décide d’apprendre à composer de la musique. Le jeune homme va se laisser envoûter par ce monde artistique qu’il cherche à conquérir, lui faisant espérer une nouvelle vie loin de la pauvreté et de la dureté de son milieu. Mais sa chute sera à la mesure de son ascension vers le succès : vertigineuse et tragique.
- Copyright Wayna Pitch
Critique : Une barque sur l’océan reprend la trame de Martin Eden, le roman de Jack London : la rencontre de deux personnages socialement et culturellement dissemblables, les efforts de l’un pour séduire l’autre, la quête d’une reconnaissance artistique, le désenchantement accélérateur d’une issue tragique. La rencontre d’Eka et de Margaux a pour écrin des paysages enchanteurs qui semblent ralentir le regard, de sorte que le spectateur s’abîme dans une sorte de songe qui concurrence le rêve de son personnage naïf, ne rend pas désagréable ces moments de stase où l’œil se perd volontiers sur l’écran.
L’image, magnifiée par une belle photographie, incline à préférer les décors naturels aux héros artificiels, plombés par des stéréotypes, d’autant que cette histoire ne nous épargne aucune figure imposée : les premiers troubles que documentent les corps hésitants, les ballades en amoureux parfumées à l’eau de rose, l’opposition des parents qui culmine dans une séquence plutôt gênante par sa prévisibilité, les confidences que l’amie de Margaux tente de lui extorquer fort maladroitement, à travers un dialogue qui sonne faux. On a compris que l’apprentissage musical d’Eka se lestait d’une charge symbolique, mais trop évidente pour convaincre. La partition n’offre aucun contrepoint qui densifierait le protagoniste masculin, dont le chemin jusqu’à la reconnaissance est pavé de scènes à faire et parfois ostentatoires (les crises existentielles dans une solitude intime).
Le film est meilleur lorsqu’il prend le rythme des corps indolents, bercé par des notes muettes. Cette grâce sied volontiers aux gestes graciles de la jeune mélomane qu’interprète Doras Coppin, surtout lorsqu’elle s’avise d’initier le jeune Balinais et que passe dans ses regards à la dérobée le mystère qui manque à cette romance trop prévisible. La barque est trop pleine de clichés, mais assurément, il faudra revoir l’actrice dans d’autres rôles plus consistants.
- Copyright Wayna Pitch