Le 24 août 2023
Mitra Faharani signe une rencontre cinématographique faite d’ombres et de lumières entre deux monuments des cinémas d’Orient et d’Occident, Ebrahim Golestan et Jean-Luc Godard.
- Réalisateur : Mitra Farahani
- Acteurs : Jean-Luc Godard, Ebrahim Golestan
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Suisse, Iranien
- Distributeur : Carlotta Films
- Durée : 1h37mn
- Date de sortie : 14 septembre 2022
- Plus d'informations : Site du distributeur
- Festival : Festival de Berlin 2022
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– Berlin, Berlinale – Internationale Filmfestspiele, Special Jury Award (Encounters) 2022 (Winner)
Résumé : "À vendredi, Robinson" est la chronique d’une rencontre cinématographique, celle entre Ebrahim Golestan et Jean-Luc Godard, deux artistes majeurs qui, du moins en Occident, n’ont pas atteint le même niveau de notoriété. Beaucoup de temps a passé depuis les années 1960, et la Nouvelle Vague iranienne est restée en grande partie inconnue, éclipsée par la renommée de son homologue européenne. Mais est-il trop tard pour réunir deux figures de proue de ces expériences éloignées ? « Commençons par une correspondance », dit Godard, « peut-être que ça ne correspondra pas. Ebrahim peut m’envoyer une lettre par e-mail ce vendredi, et moi je lui répondrai vendredi prochain. Donc, à vendredi, Robinson ! ». C’est ainsi que le film se déroule, suivant parfois une trajectoire linéaire, le plus souvent en empruntant des chemins de traverse, jalonnés d’espoirs déçus, d’intuitions géniales et de résistance qui ponctuent la confrontation entre les deux interlocuteurs.
Critique : Mitra Faharani signe une rencontre cinématographique faite d’ombres et de lumières entre deux monuments des cinémas d’Orient et d’Occident, Ebrahim Golestan et Jean-Luc Godard. Jean-Luc Godard nous a quittés la veille de la sortie nationale du film en France, laissant à Ebrahim Golestan, cent ans cette année, le privilège d’une dernière lettre filmique interrompue en chemin.
- © 2022 Écran Noir Productions. Tous droits réservés.
En réinventant les lettres persanes entre d’illustres fondateurs des Nouvelles Vagues françaises et iraniennes, Mitra Faharani convoque toutes les manières de communier et de communiquer entre artistes. Rétablissant un langage de Babel universel et faisant de l’art de la citation une industrie, les outils numériques créent cette familiarité et cette proximité entre deux créateurs de beauté. L’un des messages de Jean-Luc Godard se conclut comme un diagnostic poétique : « Fièvreusement vôtre, JLG », lui écrit-il. Les deux se mesurent l’un à l’autre par écrans et surtout claviers interposés. Les écrans des cinéastes sont envahis de mots écrits, de calligraphies et d’aphorismes. Clin d’œil à cet esprit d’innovation qui fait des nouvelles vagues des déferlantes sur les vieilles traditions de cinéma à papas, il provoque et, conforme à l’esprit de Montesquieu, manie l’ironie, l’auto-dérision et l’humour. Pour autant, la parole prémonitoire - « Avec lui, disparaîtra la source d’une certaine beauté » prononcée en persan par Ebrahim Golestan à la fin du film – résonne étrangement. Le fait pour Jean-Luc Godard d’avoir choisi sa mort et le moment de celle-ci ne peut que nous troubler. Ebrahim Golestan poursuit ainsi : « Mais la beauté ne disparaît pas. Elle circule. »
- © 2022 Écran Noir Productions. Tous droits réservés.
En France, face au caractère énigmatique de tout suicide, nul doute que ce documentaire sera interprété à la fois comme un témoignage testamentaire et une prémonition de la fin d’une vie que Jean-Luc Godard n’a cessé de vouloir réinventer et donc choisir et maîtriser. Ebrahim Golestan ne l’aura pas rencontré devant la caméra de la réalisatrice. Ce rendez-vous n’est pour autant pas manqué. Elle met en image et en musique les analogies des environnements comparables dans les intérieurs des deux cinéastes. On perd parfois le fil des allers-retours entre les deux espaces de vie. Pire : le montage accentue les effets de gémellités involontaires qui caractérisent les champs-contrechamps entre les deux nonagénaires. Au final, cette brutale actualité qui accompagne la sortie du film sonne comme un ultime pied de nez au paradoxe de la vie.
Couleurs - 1.78 - VOSTF - DCP - Visa n° 2017001183
Image et son : Daniel ZAFER, Fabrice ARAGNO
Montage : Yannick KERGOAT, Mitra FARAHANI, Fabrice ARAGNO
Conseillère musicale : Tara KAMANGAR
Assistant réalisateur : Aurélien PETIT
Directrice de production : Lison D’HOUWT
producteur exécutif Jean-Paul BATTAGGIA
une coproduction Écran noir productions, Casa Azul Films, Pejman Foundation, Schortcut Films
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