Rue des entrepreneurs
Le 24 mai 2012
François Cluzet est remarquable dans cette radioscopie d’un mythomane qui escroqua toute une commune. Inspiré d’un fait divers qui défraya la chronique, le récit est un modèle de sobriété et confirme le savoir-faire artisanal de Xavier Giannoli.
- Réalisateur : Xavier Giannoli
- Acteurs : Emmanuelle Devos, Gérard Depardieu, François Cluzet , Vincent Rottiers, Nathalie Boutefeu, Patrick Descamps, Corinne Masiero, Soko
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : EuropaCorp Distribution
- Durée : 2h30mn
- Date de sortie : 11 novembre 2009
- Plus d'informations : Le site du film
- Festival : Festival de Cannes 2009
Résumé : En France, aujourd’hui, un petit escroc sans envergure réussit à se faire passer pour un chef de chantier responsable de la construction d’un tronçon d’autoroute. Il va duper toute une région, engager une dizaine d’ouvriers et profiter cyniquement de son escroquerie avant de rencontrer une femme, maire d’une petite ville que traverse sa route. Elle le trouble, le fragilise, lui révèle un monde qu’il ne connaissait pas : les sentiments. Jusqu’où ira-t-il pour sauver ses victimes, pour se sauver lui-même de son mensonge ?
Critique : Remarquable chronique sociale et radioscopie psychologique, À l’origine s’inscrit dans la lignée d’un certain cinéma français du réel, auquel on peut rattacher des œuvres aussi diverses que L’emploi du temps de Laurent Cantet ou La raison du plus faible de Lucas Belvaux. On songe bien sûr à l’affaire Romand (ce cadre au chômage qui cacha son statut à son entourage). Un certain sens du détail des rouages de l’entreprise révèle la volonté de vraisemblance, attestée par l’alibi, repris dans maints films, du fait divers réel censé cautionner la véracité du scénario. Toutefois, l’univers de la précarité, de la débrouille et du mensonge ne constitue pas le prétexte d’un documentaire de plus sur les exclus de l’intégration. Ici, les chantiers déserts et les bureaux des directeurs de banque ne forment qu’un décor révélateur des motivations des personnages, tels les saloons chez John Ford ou les brasseries chez Claude Sautet.
- © Stéphanie Di Giusto
L’essentiel est en effet ailleurs : dans cette quête incessante de la respectabilité qui pousse le protagoniste à commettre les pires folies, à commencer par créer une société fictive filiale d’une maison-mère illustre ; dans cette confiance aveugle qui berne des syndicalistes chevronnés et une élue loin d’être née de la dernière pluie : Emmanuelle Devos apporte son métier impeccable pour incarner ce rôle ingrat, et le couple qu’elle formera avec Cluzet, s’il n’est pas le meilleur élément du film, n’en forme pas moins le cœur d’un récit parallèle adroitement imbriqué à la trame principale. Certains préfèreront la maladresse plus touchante de la première fiction de Giannoli, Les corps impatients, ou le ton mélancolique de Quand j’étais chanteur, avec un Gérard Depardieu ressuscité, et que l’on retrouve ici dans le second rôle d’un odieux maître-chanteur. Mais À l’origine dénote un savoir-faire plus sûr, le cinéaste retrouvant l’inspiration des artisans du cinéma français de la grande époque, celui des Duvivier et des Clément. Dans un contexte cannois favorable au nombrilisme et à la pause, ce courant ne doit pas être méprisé.
– César 2010 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Emmanuelle Devos
– Prix Lumières 2010 : Prix de la Commission Supérieure Technique
– Étoiles d’Or 2010 : Meilleur acteur pour François Cluzet
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roger w 15 novembre 2009
À l’origine - Xavier Giannoli - critique
Magnifié par la performance de François Cluzet, ce très beau film de Giannoli ne se limite pas à la simple description d’un fait divers, aussi incroyable soit-il. Le cinéaste s’attaque également aux causes profondes qui précipitent les gens dans la misère sociale et intime. Grâce à une vraie attention aux personnages, le cinéaste parvient à signer une oeuvre proche d’un certain cinéma social britannique. Bravo.