Égarements
Le 2 mai 2007
Agnès Jaoui en amoureuse passionnée dans une adaptation de la nouvelle de Stefan Zweig. Bavard et inabouti.
- Réalisateur : Laurent Bouhnik
- Acteurs : Agnès Jaoui, Michel Serrault, Bérénice Bejo, Valérie Dréville, Serge Riaboukine, Nikolaj Coster-Waldau
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : MK2 Distribution
- Editeur vidéo : MK2 Video
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 8 janvier 2003
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– Regards croisés : Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, la nouvelle de Stefan Zweig
Résumé : Au début du siècle, dans un casino de la Riviera, Marie Collins-Brown, une femme irréprochable, va vivre avec Anton, un joueur incorrigible, les vingt-quatre heures les plus intenses de sa vie. En voulant le sauver, elle s’enchaîne à un démon. Vingt ans plus tard, cette même femme qui s’était emmurée dans le silence, confie son secret à un adolescent révolté par l’inconduite de sa mère.
Critique : Pour son quatrième long métrage, Laurent Bouhnik a choisi d’adapter la nouvelle de Stefan Zweig, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme. La confession d’une dame respectable qui, le temps d’une nuit, vingt ans auparavant, s’est abandonnée à une passion inexplicable et destructrice.
Si Bouhnik conserve les deux temps de narration de la nouvelle de Zweig, 1910 et 1930, il a éprouvé le besoin d’en ajouter un troisième, contemporain. Il entend ainsi nous démontrer que son récit traverse les époques, que la folie amoureuse de son héroïne trouve un écho dans le monde d’aujourd’hui. Mais les lecteurs de Zweig en ont-ils jamais douté ? De plus, le dialogue entre Bérénice Béjo, jeune femme libérée des années 2000 et Michel Serrault, vieil homme sans illusions, est creux et parfois ridicule. Outre cet ajout inutile et préjudiciable au récit initial, les partis pris du réalisateur semblent tous en désaccord avec l’esprit du roman de Zweig, et particulièrement son aspect psychanalytique. Pire, on a l’impression que Bouhnik, incapable d’atteindre l’essence des personnages, ne peut que multiplier banalités et caricatures. Quand l’héroïne de Zweig, en quête de rédemption, éprouve le besoin de confier son lourd secret à un homme en qui elle a confiance et qu’elle pense capable de ne pas juger ses agissements, celle de Bouhnik livre une leçon d’éducation sentimentale à un adolescent torturé par ses premiers émois sexuels et par la conduite scandaleuse de sa mère.
L’héroïne tourmentée et irrésolue de Zweig laisse ici la place à une jeune femme naïve et impulsive. Si Agnès Jaoui tente de faire exister la Mrs C... de Zweig à travers la Marie Collins-Brown de Bouhnik, et si elle paraît plus à l’aise dans les scènes qui relatent la nuit de folie dans laquelle, croyant tenter de sauver un jeune homme du suicide, elle s’abandonne à cette passion, le scénario la dessert par les détails grotesques qui ponctuent le récit. Aucun cliché ne nous est épargné et l’ensemble en devient presque risible.
À mille lieues de la nouvelle subtile et intense de Zweig, il ne reste qu’un récit bavard et ennuyeux.
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