Clichés à la pelle
Le 26 octobre 2010
La fuite et la planque d’une famille juive à la campagne. Un beau sujet gâché par une adaptation poussive, qui surfe sur la mode des films "terroir".


- Réalisateur : Christophe Malavoy
- Acteurs : Jean-Paul Roussillon, Mathilde Seigner, Tsilla Chelton, Lionel Abelanski, Quentin Grosset
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 17 janvier 2007

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– Durée : 1h44mn
La fuite et la planque d’une famille juive à la campagne. Un beau sujet gâché par une adaptation poussive, qui surfe sur la mode des films "terroir".
L’argument : Après s’être séparée pour passer la ligne de démarcation, la famille de Simon (sa femme Léa, sa belle-sœur Mauricette, enceinte de plusieurs mois, la mère des deux jeunes femmes, Madame Schwartz, qui ne parle que yiddish, et enfin Henri, le neveu de onze ans), se retrouve en pleine campagne, accueillie par Maury, un paysan du cru qui les héberge dans l’une de ses dépendances. La rencontre de deux mondes...
Notre avis : Christophe Malavoy, acteur passé avec un certain succès à la réalisation est l’auteur de téléfilms parfaitement honorable (La ville dont le prince est un enfant est une adaptation plus qu’honorable de Montherlant). Revoyant ses ambitions à la hausse, il passe au grand écran, avec beaucoup moins de réussite. En choisissant de raconter la fuite et la planque à la campagne d’une famille juive durant la Seconde Guerre mondiale, il fait le choix d’un sujet beau et fort, à large potentiel d’émotion. Relativement peu traité par le cinéma, plus abordé par la télévision, la littérature ou le théâtre (Zone libre est d’ailleurs l’adaptation de la pièce éponyme de Jean-Claude Grumberg), un tel récit méritait un traitement inspiré.
Or, face à la difficulté de faire exister cette famille et les problèmes qu’elle rencontre, Christophe Malavoy trouve vite ses limites. Reconstitution ripolinée, mise en scène affectée, manque de rythme, défauts de construction, abondance de clichés (ah, cette belle mode des films estampillés "terroir") et difficulté à adopter un point de vue sont au menu. L’interprétation, très inégale, n’arrange rien et si Tsilla Chelton emballe en grand-mère acariâtre, Mathilde Seigner ne se départit jamais de la moue boudeuse qui semble être devenue sa seule expression (elle trouve sans doute ici sa source dans l’immense frustration ressentie à ne pouvoir mener à bout l’imitation du pitoyable numéro de Renée Zellweger dans Cold Mountain). Au final, un film qui ne fonctionne que par moments, juxtaposition de scènes peinant à faire sens. Rien de plus qu’un téléfilm très moyen.