Le 14 octobre 2022
Une joute verbale puissante pour restituer l’agitation politique et les divisions sociales de cette fin du XIXe siècle qui ne sont pas sans rappeler les soubresauts de notre époque.
- Acteurs : Pierre Azema, Bruno Paviot
- Durée : 1h20mn
- Auteur : Didier Caron
- Metteur en scène : Didier Caron
- Genre : Théâtre (spectacles)
- Salle de Théâtre : Théâtre de la Contrescarpe
- Date de sortie : 5 octobre 2022
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Résumé : Le 5 janvier 1895, Émile Zola dîne, comme à l’accoutumée, chez son ami Alphonse Daudet. Le fils de ce dernier, Léon Daudet, pamphlétaire nationaliste et antisémite, rentre de l’École Militaire où il vient d’assister à la dégradation du capitaine Dreyfus, événement qu’il couvre pour Le Figaro. Son article est prêt. Il en donne un résumé ignominieux. Zola s’indigne. De cette confrontation, Émile Zola ressort transfiguré. Il décide alors de se lancer dans ce qui devient déjà « l’Affaire ». C’est ce soir-là que tout a commencé.
Critique : Comment cet homme reconnu mondialement pour son talent littéraire et sa capacité à toujours s’investir dans des causes sociales, politiques et artistiques qu’il estime justes, peut-il être jugé infréquentable ? S’il multiplie les amitiés de tous bords, il fuit les politiques dont le cynisme le révolte. Il n’en faut pas plus pour que certains, réfugiés derrière leur bien-pensance, le haïssent et le condamnent, à l’image de Léon Daudet, fils d’Alphonse, journaliste médiocre qui prône en toute décontraction le patriotisme et l’antisémitisme. Alors qu’il rentre de Rome, Zola découvre les propos inqualifiables de Léon Daudet autour de la mise à pied, établie sans preuve, du capitaine Dreyfus à l’École Militaire. L’écrivain est indigné de constater avec quelle impudence on peut, en France, condamner un homme en fonction de ses convictions religieuses. Il s’affronte alors à Daudet qui l’accuse de ne prendre le parti de Dreyfus que par opportunisme littéraire.
- Copyright Fabienne Rappeneau
Entre perfidie et philanthropie, Didier Caron nous plonge dans un duel verbal où la haine de la différence s’oppose à la défense de la justice et de la vérité. S’appuyant sur des dialogues aussi rebondissants qu’un jeu de ping-pong, il parsème son texte d’humour et de piques bien senties pour offrir au spectateur subjugué un regard inédit sur L’affaire Dreyfus. Une mise en scène simple mais efficace met en lumière toute la force des échanges. Les deux comédiens habitent incontestablement leurs personnages. Bruno Paviot trouve le ton juste et les gestes précis pour répandre toute la fourberie de Léon Daudet, tandis que Pierre Azéma campe avec vigueur et sensibilité un Émile Zola brillant dont les failles et les zones d’ombre confirment toute l’ambivalence d’un homme pétri de valeurs humaines dans une époque qui ne l’était pas.
- Copyright Fabienne Rappeneau
Car au-delà de l’intérêt historique de la pièce, le plus sidérant est de constater que les clivages, la radicalisation, le repli sur soi et tous les maux qui gangrènent nos sociétés modernes font étrangement écho à ceux qui sévissaient déjà il y a un peu plus de cent ans, prouvant s’il en était besoin, que l’Histoire est un éternel recommencement et que l’homme ne tire jamais les leçons du passé.
Theâtre de la Contrescarpe - 5 rue de Blainville - 75005 Paris
Du mercredi au vendredi à 21h - samedi à 20h30 - dimanche à 16h30
Jusqu’au 13 janvier 2023
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