Le 12 avril 2025
Si plus que jamais la parole de l’Outre-mer doit être restituée sur les écrans de cinéma, Zion ne parvient guère à dépasser le sentiment d’un polar laborieux, peu abouti et mal fichu.


- Réalisateur : Nelson Foix
- Acteurs : Sloan Decombes, Philippe Calodat, Zebrist, Axelle Delisle
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Action
- Nationalité : Français
- Distributeur : The Jokers
- Durée : 1h39mn
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 9 avril 2025

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Résumé : En Guadeloupe, Chris partage son temps entre deals, aventures sans lendemain et rodéos en moto. Repéré par Odell, le caïd du quartier voisin, Chris se voit confier une livraison à risque. Malgré la mise en garde de son meilleur ami, il accepte la mission. Mais le jour de la livraison, il découvre qu’un bébé a été déposé devant sa porte. Commence alors pour lui une course infernale qui le mènera à un choix crucial...
Critique : Réaliser un premier film ne doit pas être une mince affaire. C’est pourtant ce à quoi s’est engagé le Guadeloupéen Nelson Foix qui choisit sa terre d’appartenance pour mettre en scène un petit malfrat issu des quartiers populaires, se retrouvant au milieu de ses occupations délinquantes, avec un couffin devant sa porte. En quelque sorte, Zion s’inspire de façon lointaine du fameux Léon de Luc Besson où le héros patibulaire s’éprenait d’une petite fille adorable. Ici, c’est un bébé, abandonné à la manière de Moïse dans un carton où est inscrit, comme un étendard, qu’il s’agit du fils de Chris. Alors l’aventure commence entre règlements de comptes criminels, courses-poursuites dans la capitale de la Guadeloupe, et pouponnage maladroit.
- Copyright Kissfilms : De l’Autre Côté du Périph’ : France 3 Cinéma – 2024
Pour poursuivre les comparaisons abusives avec d’autres longs-métrages d’envergure, il y a dans ce Zion des airs de cousinage avec La Haine. Le réalisateur ne peut pas s’empêcher de montrer une police sans foi ni loi qui se rue sur la population locale, pendant que des criminels poursuivent leur activité mafieuse sans inquiétude. Force est de constater qu’on peut braquer un petit commerce de rachat d’or, buter son assaillant avec un fusil en toute impunité, les forces de l’ordre étant manifestement plus occupées à contenir la population locale qui se révolte contre la métropole qu’à installer la paix sociale.
La maladresse et l’invraisemblance du scénario finissent par obstruer toute la fiction qui se perd dans une série de meurtres atroces, parfois nuancés avec l’apparition d’un bébé ou d’une enfant de bas âge qui supplie son père criminel d’en finir avec ses activités brutales. Bref, Zion ne fonctionne pas. On perçoit bien les moyens limités pour cette production qui aurait gagné à plus de pudeur et de précaution dans la mise en scène. Nelson Foix sort au contraire toute l’artillerie lourde du polar grandiloquent. On est loin du récent Magma qui tentait à sa manière de rendre compte de l’impérialisme perpétuel de la métropole française dans ses départements d’outre-mer.
- Copyright Kissfilms : De l’Autre Côté du Périph’ : France 3 Cinéma – 2024
On craint d’emblée pour le devenir du nourrisson abandonné devant le domicile de Chris. D’ailleurs, le réalisateur met en parallèle la relation du jeune homme avec son propre père qui s’enquiert de remettre son fils sur le droit chemin. Les caricatures scénaristiques se succèdent dans cette course contre la mort, désertée par le justice, où les criminels se donnent à cœur joie pour étendre leur pouvoir et répandre leur haine dans les quartiers. Même la rencontre avec ce bébé ne parvient pas à dissiper le sentiment d’un film radical où la nuance n’a pas de place. De plus, les personnages féminins ne parviennent pas à donner de la hauteur à ce récit terriblement réducteur.
Zion est un film laborieux, qui donne l’impression de s’étendre infiniment. Les effets de style tout aussi lourdauds que le propos n’aident pas à nuancer l’impression du spectateur. Les ralentis, les scènes nocturnes, aggravent le sentiment d’un film qui n’échappe pas aux poncifs maintes fois montrés au cinéma de série Z. C’est dommage car il y avait de l’idée dans ce récit, et surtout une belle intention que de donner la voix sur les écrans à nos concitoyens d’outre-mer.