Entre répression communiste locale et reconnaissance internationale, le réalisateur chinois a su s’imposer par des films réalistes, magnifiés par la présence de sa muse Gong Li.
Zhang Yimou est né en Chine le 14 novembre 1950. Issu d’une famille engagée dans la lutte nationaliste, il fit très tôt l’expérience du rejet et de l’exclusion. Après une enfance difficile, il dut abandonner l’école au début de la révolution culturelle en 1966 pour travailler dans une ferme puis dans une manufacture textile (qu’il dépeint dans Judou en 1989). En 1974, il réalise son premier rêve en achetant un appareil photo et parvient à publier plusieurs clichés dans des magazines locaux. Cinq ans plus tard, il intègre l’Institut de cinéma de Pékin, après de longues et difficiles démarches. C’est le ministère de la culture, séduit par ses travaux photographiques, qui intercède finalement en sa faveur.
L’institut délaissant la conception communiste du cinéma comme outil de propagande, Yimou bénéficie d’une formation ouverte aux techniques cinématographiques occidentales. Il est diplômé en 1982. Assigné en Chine du Sud, il travaille en tant que directeur de la photographie et tisse des liens avec des réalisateurs tels que Chen Kaige, Zhang Junzhao et Wu Tianming, qui resteront plus tard des amis fidèles et des soutiens précieux.
En 1988, il signe un premier film Le sorgho rouge aussitôt récompensé au niveau international puisqu’il décroche l’Ours d’or à Berlin. Il dirige pour la première fois sa muse Gong Li. Dans tous les films qui suivront, Yimou n’aurait de cesse de la mettre en valeur et d’exprimer sa fascination et sa passion pour l’actrice.
Après les émeutes de la place Tienanmen, les autorités renforcent leur contrôle des médias et excluent toute forme artistique jugée occidentale. Dans ce contexte difficile, Yimou réalise Ju Dou avec l’aide de fonds japonais. Le film, jugé subversif malgré les précautions prises par Yimou, est censuré en Chine. Paradoxalement, il est présenté par les autorités pour concourir aux Oscars dans la catégorie "meilleur film étranger", sans toutefois que Yimou ne soit autorisé à assister à la cérémonie.
En 1991, ce sont des fonds taiwanais qui permettent à Yimou de réaliser Epouses et concubines qui décroche le Lion d’argent à Venise. Le gouvernement bannit à nouveau le film mais le sélectionne pour les Oscars. La réconciliation viendra avec Qiu Ju une femme chinoise, couverts de récompenses à la fois en Chine et dans les festivals internationaux (Lion d’or à Venise). Yimou met ensuite en scène Gong Li dans Vivre, Grand Prix du jury à Cannes en 1994, puis dans Shangai Triad en 1995.
Yimou décroche à nouveau le Lion d’or à Venise en 1999 avec Pas un de moins, auquel succède une comédie intitulée Happy times. En 2003, il quitte la veine réaliste pour s’attaquer à un genre prisé en Chine et à Hong Kong, le wu xian pian, autrement dit le film de combat traditionnel, relancé par le succès de Tigre et dragon réalisé par Ang Lee en 2000. Hero, dans lequel apparaissent Jet Li, Maggie Cheung et Tony Leung Chiu Wai, reçoit un accueil extatique en Chine. Puis c’est le tour du Secret des poignards volants. Par ailleurs Yimou s’investit dans la production avec le dernier film de Wong Kar-wai 2046. Son histoire d’amour et de cinéma avec Gong Li s’est en revanche terminée avec le mariage de la belle avec un financier de Singapour. Mais leur collaboration professionnelle ne s’arrête pas là puisqu’on la retrouve au générique de La cité interdite, tragédie shakespearienne pleine d’émotion et d’action.
Filmographie
– Le sorgho rouge (1987)
– Ju dou (1990)
– Epouses et concubines (1991)
– Qiu Ju, une femme chinoise (1992)
– Vivre (1993)
– Shanghai triad (1995)
– Pas un de moins (1998)
– Happy times (Xingfu shiguang) (2000)
– Hero (2002)
– Le secret des poignards volants (Shi mian mai fu) 2003
– La cité interdite (Man cheng jin dai huang jin jia, 2007)
– A woman, a gun and a noodle (2009)
– Sous l’aubépine (2010)
– The Flowers of man (2011)
– Coming Home