Le 29 mars 2024
Si le sujet de la domination des femmes laissées à l’abandon par les hommes qui ont migré est éminemment pertinent, son traitement à la limite parfois de la comédie musicale et de la romance dissipe la gravité et la pertinence du propos.
- Réalisateur : Moussa Sène Absa
- Acteurs : Nguissaly Barry, Rokhaya Niang, Roger Salah
- Genre : Drame, Musical, Teen movie
- Nationalité : Sénégalais, Ivoirien
- Distributeur : Sudu Connexion
- Durée : 1h41mn
- Date de sortie : 3 avril 2024
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Résumé : Awa, collégienne de quinze ans, vit gaiement son adolescence aux côtés de son frère jumeau Adama qui rêve d’Europe. Lors du décès de leur grand-mère, sa tante Fatou et son oncle Atoumane promettent de se marier pour préserver l’union familiale. Mais Fatou n’aime pas Atoumane et celui-ci, las d’attendre de consommer son mariage, commet l’irréparable.
Critique : Elle a quinzz ans. Elle est tout en grâce et sensibilité. Quand elle n’est pas à l’école, elle aide sa tante Fatou dans un salon de coiffure. Jusqu’au jour où le drame s’invite dans la disparition de l’aïeule de la famille, relançant la délicate question du mariage forcé, de l’immigration des jeunes hommes vers l’Europe et de l’émancipation des femmes laissées au pays. Xalé, les blessures de l’enfance est écrit comme un conte social où alternent des scènes franchement dramatiques et d’autres où des groupes entament des chansons africaines chargées de symbolisme, ou (avec davantage de douceur) remplies de romantisme. Moussa Sène Absa opte ainsi pour une mise en scène assez minimaliste, où la dureté des évènements se confronte à une certaine naïveté du scénario dans une palette de couleurs et de sons hétéroclite.
L’évocation des parcours migratoires, de la frustration des hommes et de la domination masculine n’est pas nouveau dans le cinéma africain. Pour autant, le réalisateur assume un point de vue assez ambigu où le pire côtoie l’angélisme d’un quotidien, modeste certes, mais enchanté par une certaine douceur de vivre. C’est là où le long-métrage, pourtant très sincère dans ses intentions, perd son spectateur dans un message assez disparate, au point parfois de sombrer dans une narration proche de ce que l’on peut voir dans des séries quotidiennes à la télévision, censées représenter la vie quotidienne d’habitants banaux que le drame finit par traverser.
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On ne peut absolument pas reprocher l’authenticité du propos. Moussa Sène Absa se pose en défenseur de la condition des jeunes femmes au Sénégal, qui peuvent subir le viol et se retrouver en face d’auteurs condamnés symboliquement par un tribunal populaire. De surcroît, si le réalisateur aborde la question de l’immigration du frère jumeau d’Awa à la recherche de la fortune, elle est aussi regardée à l’aune d’une institution judiciaire qui protège les hommes en les envoyant en Europe, au lieu de les emprisonner comme cela cela devrait être. Les clés de compréhension du film demeurent ainsi complexes, et c’est peut-être là où se situe toute la fragilité du récit.
Pourtant, la photographie est belle et soignée. Les comédiens s’adonnent à leur rôle avec beaucoup de sincérité, dans des dialogues hélas qui les relèguent parfois à des récitations assez maladroites. La jeune femme qui interprète Awa pour le coup dépasse largement le jeu de ses collègues. Elle fait preuve d’une magnifique énergie, et sa présence éblouit l’écran. En quelque sorte, elle porte tout le film d’un bout à l’autre, à l’exception de la dernière partie, où le temps s’accélère, et qui semble la moins aboutie dans l’écriture.
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Nous sommes passés à côté de Xalé, les blessures de l’enfant. Pourtant, tous les éléments narratifs étaient réunis pour passionner son spectateur. Mais l’empreinte trop télévisuelle, le mélange des styles et la très forte inégalité dans le jeu des acteurs laissent une impression d’inachevé.
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