Tie me kangaroo down, sport !
Le 26 novembre 2013
Une brillante relecture du survival qui offre à l’excellent Wolf creek la suite qu’il mérite. Belle clôture donc pour le PIFFF 2013.


- Réalisateur : Greg McLean
- Acteurs : John Jarratt, Ryan Corr, Shane Connor
- Genre : Aventures, Thriller, Survival
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h47mn
- Festival : Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF) 2013

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Une brillante relecture du survival qui offre à l’excellent Wolf creek la suite qu’il mérite.
L’argument : Mike Taylor est de retour à Wolf Creek.
Notre avis : Qui a peur du boogeyman...? Huit ans après l’expérience Wolf creek, Greg McLean arpente une nouvelle fois les terres arides de son bush natal. Non content d’avoir marqué au fer rouge l’esprit du public en mettant au monde un survival coup-de-poing, le cinéaste australien assoit sa capacité maîtresse à faire naître l’angoisse avec une nouvelle approche du musée des horreurs de Mike Taylor.
Sous la direction rigoureuse du réalisateur, le cratère météorologique de Wolf Creek se métamorphose une nouvelle fois en cercle de l’enfer que sillonne un démon aux traits familiers. A des années lumières du premier volet, Wolf creek 2 s’annonce avec perte et fracas dès sa scène d’exposition. La séquence d’ouverture met en scène deux policiers malavisés qui décident de tromper leur ennui en se lançant dans une chasse à l’homme. Tel est pris qui croyait prendre : l’un se retrouve avec boîte crânienne réduite de moitié, victime d’un tir de sniper et l’autre, l’épine dorsale tranchée, voit sa chair brûlée vive sans autre procès qu’un rictus et un glaviot.
Légende de l’Ouest australien, Mike Taylor nous dévoile une nouvelle facette de sa personnalité sadique. Les masques tombent. On l’attendait inhumain et méphistophélique ; il se révèle l’incarnation même des maux de notre siècle. Redneck ventripotent, chauvin, xénophobe, patriote et ardent défenseur de l’identité australienne, le monstre abject cumule des travers de l’esprit qui nous sont par trop familiers. Ce fier gaillard, que John Jarrat interprète avec excellence, fascine surtout par la jubilation jouissive qu’il tire de ces courses poursuites, violentes tortures et autres passe-temps dont il a le secret. Le vieux monde établit sa domination sur une jeunesse inconsciente. Les instruments morbides et l’absence de contrition emportent sans mal cette partie inéquitable.
En divulguant au spectateur les pensées de Mike Taylor, Greg McLean abat d’un même coup l’ensemble des cartes de son jeu et sa fascination pour sa créature. L’Australie de carte postale nous apparaît dans son entièreté. Le soleil brûlant y ronge les songes aussi bien que la chair et les ombres grimaçantes de ses escarpements nous saisissent à la gorge. La sublime composition des cadres rehausse la beauté de ces terres indomptables et rendent hommage à ces terres de feu.
En faisant fi des codes établis, Greg McLean se risque sur le terrain glissant de l’invraisemblance. Le cinéaste se tire de cette dangereuse passe avec l’élégance d’un bretteur. Les personnages de jeunes adultes de Wolf creek 2 s’avèrent pleins de ressources et de sagacité, à l’opposé des caricatures d’adolescents abrutis dont nous bassine la sphère hollywoodienne depuis la nuit des temps. Diplômé en histoire, notre héros répond aux questions extravagantes de son bourreau avec sang-froid, et tandis que ce dernier lui tranche les annulaires, il parvient à empoigner un marteau et à en asséner un coup brutal.
Le film produit en outre de grisantes scènes incongrues : un immense camion percute de front un troupeau de kangourous tandis que la musique du Roi Lion tonne en arrière-plan, Mike Taylor s’égosille avec son captif sur un vieux hit des années soixante « Tie me kangaroo down, sport ! Tie me kangaroo down », ou encore une jeune femme à l’agonie s’embroche d’elle-même par erreur...
Survival extrême et film d’auteur désopilant, Wolf creek 2 est une puissante réussite qui s’affranchit des codes et limites du précédent volet pour en transcender la sève. Brillant.