Le 24 octobre 2019
Le parcours émouvant d’un homme qui tente de trouver sa place dans la société. Inspirés par la vie de son héros Daniel Vannet, les réalisateurs ont trouvé la note juste.
- Réalisateurs : Ludovic Boukherma - Zoran Boukherma - Marielle Gautier - Hugo P. Thomas
- Acteurs : Noémie Lvovsky, Daniel Vannet, Romain Léger
- Nationalité : Français
- Durée : 1h22mn
- VOD : NETFLIX
- Date de sortie : 19 octobre 2016
- Festival : Festival de Cannes 2016
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– Festival de Cannes 2016 : section ACID
Résumé : À la mort de son frère jumeau, Willy, 50 ans, quitte pour la première fois ses parents pour s’installer dans le village voisin. “À Caudebec, j’irai. Un appartement, j’en aurai un. Des copains, j’en aurai. Et j’vous emmerde !”. Inadapté, Willy part trouver sa place dans un monde qu’il ne connaît pas.
(C) Les Films Velvet et Baxter Films
Notre avis : Sensation de la section Acid du Festival de Cannes 2016, Willy 1er est un ovni cinématographique. À travers son dispositif, tout d’abord : le film a été réalisé par quatre jeunes metteurs en scène qui ont étudié dans la très médiatique Ecole de la Cité, imaginée par Luc Besson. Ensuite, le protagoniste de l’histoire n’est pas incarné par un acteur professionnel.
Pendant longtemps, le héros de ce long-métrage aux accents autobiographiques, Daniel Vannet, n’a su ni lire, ni écrire. Après son CM2, il a été placé en Institut médico-éducatif. Plus tard, un patron en qui il avait toute confiance, pour qui il ne comptait pas ses heures, l’a floué en l’employant à mi-temps. Or, cette trahison, loin de l’avoir affecté, a nourri une volonté de s’en sortir. Son acharnement lui a fait rencontrer l’association Mots et Merveilles, près de Maubeuge, qui alphabétise des personnes illettrées. A partir de là, Daniel Vannet a suivi un parcours globalement analogue au protagoniste qu’il incarne, déterminé par des objectifs précis : travailler, acquérir un appartement, un scooter, apprendre à lire et à écrire. Bref, s’émanciper.
- Copyright UFO Distribution
Les quatre réalisateurs ont repéré cet homme absolument touchant, aux rondeurs enfantines, lors d’un reportage qui lui était consacré sur France 2. Ils lui ont fait tourner deux courts métrages, puis ont investi, en la fictionnalisant, son existence totalement romanesque.
L’histoire est donc celle de Willy, 50 ans, qui vit dans le nord de la France avec ses parents, mais ne rêve que d’indépendance et de Normandie. Sa profession de foi, il la promène comme un air qu’on fredonne : « À Caudebec j’irai, avoir un appartement, j’en aurai un, un scooter j’en aurai un, des copains j’en aurai, et je vous emmerde ». La mort de son frère jumeau, dans des circonstances tragiques, accélère sa décision de partir.
Suivi avec bienveillance par sa curatrice Catherine (magnifique Noémie Lvovsky), notre homme tente de trouver sa place dans l’espace social et amical, où la violence jaillit derrière des scènes souvent burlesques. Une tournée refusée par le héros à ses amis provoque un déboutonnage de chemise, qui illustre une situation sur le fil : le visage de Willy, filmé en gros plan, oscille entre l’amusement et la colère. Il suffirait d’un rien pour qu’une bagarre n’éclate. La frustration accumulée par le personnage pendant toutes ces années le rend particulièrement sensible, à la façon d’un enfant dont l’impatience ne saurait être contrariée. Lorsqu’il apprend que Catherine ne veut pas l’héberger plus longtemps, il l’agresse physiquement. Un peu plus tard, le premier contact avec un collègue, dans un magasin de grande distribution, manque de finir en pugilat.
- Copyright UFO Distribution
Le film se nourrit abondamment de cette violence contenue, qui condamne certains à la subir, dans un monde impitoyable. De ce point de vue, le personnage de Willy 2, joué par l’excellent Romain Léger, s’avère hautement symbolique : ce dernier subit les coups de l’autre Willy, après avoir abîmé son scooter, reste à distance lors d’une soirée dans un bar et n’évoque son homosexualité que dans l’espace désert d’un parking, en pleine nuit.
Si le long métrage souffre de quelques défauts (les apparitions récurrentes du frère défunt, notamment) et d’une fin assez convenue, il étonne et interroge le plus souvent sur la manière dont un homme dit "en marge" doit se battre pour trouver sa place dans notre société.
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