Le 10 avril 2020
Une série dynamique et attachante ponctuée de réflexions sociétales actuellement débattues. Ainsi, de prime abord, la série Why Women Killl semble superficielle et divertissante, mais derrière ces artifices, se cache une série engagée.
- Acteurs : Lucy Liu, Ginnifer Goodwin, Alexandra Daddario, Kirby Howell-Baptiste
- Genre : Comédie noire
- Nationalité : Américain
- Durée : 10 épisodes
- Chaîne : M6
- Compositeur : Mateo Messina
- Date de sortie : 26 mars 2020
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Résumé : Les vies de trois femmes vivant à trois époques différentes alors qu’elles font face à l’infidélité dans leur mariage respectif. Si le rôle des femmes a évolué dans la société, leur réaction est toujours la même : un profond désir de vengeance. Dans les années 60, Beth Ann, femme au foyer, attend sagement son mari le soir alors qu’il la trompe avec une serveuse. Dans les années 80, Simone, découvre que son mari la trompe... avec un homme. De nos jours, Taylor, bisexuelle, s’essaye au couple libre non sans difficultés...
Critique : Trois époques, trois histoires originales sur des couples, dont l’amour sera remis en question, alors que tout paraissait parfait. Ce triptyque de récit signé Marc Cherry, créateur de Desperate Housewives et Devious Maids, est d’un dynamisme propre à son auteur.
Mais bien entendu, dans ce cadre qui semble exquis, fait d’opulence et de représentations sociales, un meurtre se déroule dans la même demeure qui unit ces trois histoires. Rapidement, l’élément perturbateur, la trahison au sein d’un mariage, se présente. Dès le second épisode, ce thème central apparaît, puis prendra des formes différentes en fonction des histoires.
Au départ, Marc Cherry était parti sur un film fondé sur l’histoire de Beth Ann Stanton, incarnée par Ginnifer Goodwin dans ce qui est devenue plus tard une série. Une histoire surprenante d’une “femme qui découvre que son mari la trompe et qui décide de se rapprocher de sa maîtresse incognito pour comprendre cette infidélité” (Marc Cherry). Sans surprise, cette histoire est la plus approfondie au niveau psychologique, dans le passage à l’acte meurtrier, par rapport aux deux autres situations. On sent sans cesse une oppression à travers la folie du personnage principal.
Au niveau de la structure, la caractéristique essentielle de Why Women Kill est ce récit à trois histoires parallèles. Cette intrigue de facto non linéaire se faufile entre les lignes temporelles (des années 70, 80 et de nos jours) et entre les protagonistes. Cette technique narrative permet de fournir au spectateur un moyen de se représenter certains événements historiques tels que l’apparition du sida, l’émergence du féminisme ou encore le concept du polyamour.
Une structure qui n’a rien d’original en soit. En effet, ces trois destins de femmes totalement différentes, mais en réalité si proches, sont du déjà-vu. Éric-Emmanuel Schmitt la propose dans le roman La femme au miroir (2011) décrivant le destin de trois femmes, à trois époques différentes comme la nouvelle série Why Women Kill.
On la repère encore dans le film The Hours (2002) de Stephen Daldry, qui conte, à différentes époques, le destin de trois femmes dont les existences sont interconnectées, non pas par une demeure comme par la série de Marc Cherry, mais par le roman de Virginia Woolf, Mrs Dalloway.
Dans le cas de Why Women Kill, on se demande pourquoi avoir fait le choix de cette technique de récits parallèles. Marc Cherry lui-même dit être parti sur une unique histoire, puis après avoir discuté avec l’équipe d’Imagine Television, avoir ajouté les deux autres pour en faire une série plus étouffée. Ainsi, le choix de cette technique n’est pas motivé et justifié par un aspect artistique, mais bel et bien par une intention commerciale. Qui plus est, les trois histoires sont « tressées » et les chevauchements ne sont pas toujours recherchés et subtils, malgré une mise en scène soignée et élégante.
Malgré tout, le suivi parallèle de ces trois histoires permet de mieux identifier, par différence, la "position" de la femme au sein de son mariage et plus largement, dans la société. Et à chaque époque, il s’agit de mesurer à quel point cette "position" est liée à celle des "dérives" comme le point culminant, le meurtre. Un crime qu’on connaît dès le début, mais sa procédure est surprenante et surtout fantasmée par rapport aux meurtres féminins réels.
Cette série édulcore donc les crimes perpétrés par des femmes, non sans rappeler les classiques cinématographiques de tueuses comme Kill Bill de Quentin Tarantino, avec un univers totalement différent.
La réalité sombre et condamnable est d’autant plus enjolivée par l’univers de Marc Cherry que celui-ci est empli de féminité exacerbée. Pour rappeler cette réalité et proposer un autre type de contenu, un podcast dérivé de la série intitulé Why Women Kill : Truth, Lies and Labels, en six épisodes, a été lancé par CBS.
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