Le 23 juin 2021
Entre le conte et la fable écologique, le nouveau film de Benh Zeitlin explore, à travers l’imagination des enfants et le mythe de Peter Pan, l’urgence de vivre en harmonie avec l’univers qui nous entoure. Une expérience de cinéma sensible et fascinante.
- Réalisateur : Benh Zeitlin
- Acteurs : Devin France, Lowell Landes, Shay Walker, Stephanie Lynn
- Genre : Drame fantastique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 1h52mn
- Date télé : 4 septembre 2023 21:00
- Chaîne : OCS Pulp
- Date de sortie : 23 juin 2021
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Résumé : Elevée par sa mère célibataire, Wendy s’étiole dans un quotidien dénué de magie. Un soir, la fillette part à l’aventure en sautant dans un train en marche avec ses deux petits frères, les jumeaux James et Douglas. Au terme du voyage, ils débarquent sur une île mystérieuse, où les enfants ne semblent pas vieillir et où règne un garçon rebelle, nommé Peter Pan.
Critique : Le risque d’aborder un tel film est de s’attendre à revoir une énième variation du film de 1953, issu des productions Disney, Peter Pan. En fait, le récit d’animation n’a de commun avec le nouveau long-métrage de Benh Zeitlin que le désir d’ailleurs de Wendy. La petite fille grandit dans un milieu familial pauvre, voire sordide, et les rêveries sont le seul moyen dont elle dispose pour s’inventer une existence plus légère. Il y a ce train immense, qui roule régulièrement, devant la maison où elle se surprend à croiser des formes d’enfants qui sautent d’un wagon à l’autre. Alors, un jour, avec ses deux frères, elle s’aventure sur le monstre de métal qui va lui permettre d’accéder à une île mystérieuse, aussi majestueuse et fascinante qu’elle peut être dangereuse et trompeuse.
- Copyright Disney
Wendy, c’est d’abord cette façon très singulière de filmer les corps et les visages d’enfants. La caméra tenue à l’épaule guette les regards, les gestes même infimes. Elle s’approche des yeux, les traverse et s’invite dans la danse de leurs jeux, la légèreté de leurs cris, et peut-être leurs aspirations à devenir d’autres adultes que ceux que le monde leur propose. Comme le conte de Peter Pan, le film raconte le refus de grandir dans un univers qui ne respecte pas la nature et pousse les gens à la bestialité et la trahison de soi. La mort finalement n’est pas ce qui met fin aux existences, elle habite totalement les adultes qui vieillissent dans les tourments et l’aigreur. En réalité, la magie du récit n’est qu’une opportunité narrative pour le réalisateur de témoigner de l’accablement du monde, assommé par son désir de possession au détriment d’un respect des éléments et de la nature.
- Copyright Disney
Peter Pan s’incarne ici dans les traits d’un jeune garçon noir, intrépide et colérique. La véritable héroïne demeure la petite Wendy. Elle agrémente son existence de contes intérieurs, comme si elle avait besoin d’écrire sa vie pour mieux la traverser. Elle illustre sans aucune équivoque l’impérieuse nécessité de rendre aux femmes la place qu’elles méritent, en prenant le rôle de la grande sœur et de l’aventurière. L’île, superbement filmée, respire quelque chose entre la féerie et le naturalisme. Un volcan immense tousse dans le ciel et la terre se creuse de geysers de fumée. Elle recèle des animaux étranges, et surtout permet à des enfants de rester jeunes, pour qu’un être cher ne disparaisse pas tragiquement. Wendy milite au contraire que le passage des années, le vieillissement de la chair ne soient pas contre-nature, ce qui, à l’heure du jeunisme ambiant et de la tentation du transhumanisme, semble presque incongru.
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Benh Zeitling réécrit totalement le conte de Peter Pan dans une fable écologique puissante et envoûtante. On y reconnaît le crochet façonné dans le métal polluant d’une plage, le fantasme de l’envol des enfants à travers le ciel. Toute la force du film repose sur le jeu extraordinaire des jeunes comédiens. Ils endossent, avec un naturel incroyable, des dialogues parfois complexes et d’une grande spiritualité. Et ils se fondent dans l’enchantement d’une nature, aux échos puissamment maternels. Ils assument la superposition des temporalités et s’immiscent avec une aisance inouïe dans cette quête quasi initiatique. La musique, souvent profonde, accompagne le récit, la beauté des images, et la proximité presque sensuelle de la caméra avec les jeunes acteurs donnent alors au film une grâce et une majesté absolues. Voilà donc un long métrage aux abords des fêtes de Noël, qui réécrit le droit tout simplement d’être soi et de vivre en accord avec les éléments de l’univers.
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