Weird Fantasy T1 – la chronique BD

Ces récits en noir et blanc ont la saveur des fifties. On y retrouve les ingrédients de la vieille SF, une voix off (dans des cartons) qui raconte et raconte et qui souvent se retrouve, dans le cas de notre BD, redondante avec les images. Les thèmes se regroupent finalement autour des problèmes de voyage dans le temps et dans l’espace. Avec des aliens à visage humains ou monstrueux, avec des gens sympas ou vils et tordus. Quelques exceptions notables parlent de magie noire, de téléporteur, d’inventions folles et ça évite la lecture de tourner en rond !
Les chutes où l’ennemi n’est pas celui qu’on croit ou celles où on aurait mieux fait de croire celui ou celle que personne ne croit sont nombreuses.
Il faut donc savourer cette BD pour ce qu’elle est : une compilation historique des numéros d’une vieille revue. Et donc, il faut la lire par petit bout, prendre un moment par ci un autre par là pour en savourer chaque nouvelle et éviter la saturation.

Le graphisme est varié, mais se tient proche d’un certain réalisme plus ou moins appuyé selon le dessinateur. Les plus scientifiques s’amuseront à disséquer les explications savantes des théories fumeuses.
La mise en scène et la composition sont aussi d’époque. Elles suivent ce qui deviendra les bases d’une narration assez carrée à quelques exceptions près. Jack Kirby n’a pas encore exercé sa saine influence d’une narration graphique dynamique !

Ce qui ressort de tout cela, c’est une forme de noirceur tout au long du recueil, que l’on pourrait résumer en deux phrases : l’homme est un loup pour l’homme et le hasard ne fait pas bien les choses. Mais cette noirceur, cette vision pessimiste du monde donne à cet ouvrage un ton actuel, plus d’un demi-siècle après sa parution ! Si les histoires sont parfois prévisibles, on y retrouve le ton noir d’une dark SF qui a trouvé ses bases dans ces fameuses fifties, à l’époque où la bombe atomique avait malheureusement marqué toutes les mémoires.

Ce premier tome de Weird Fantasy est parfois inégal dans ces récits courts mais garde au final un intérêt curieux, ancien, classique et pourtant moderne par le regard sans concession porté sur l’humanité sur l’ensemble des récits compilés ici.