War photographer

Dans les pas de James Nachtwey, Christian Frei nous invite à découvrir un métier pas comme les autres, celui de photographe de guerre. Un document exceptionnel.

Qui est James Nachtwey ? Un voyageur un peu particulier, témoin des pires horreurs qui se déroulent sur terre, de la folie des hommes et de la misère des peuples. Le réalisateur suisse Christian Frei l’a suivi pendant deux ans du Kosovo en Palestine, partout où les conflits font rage. Il en est revenu avec un film passionnant, maintes fois récompensé et nominé aux Oscars 2002 du meilleur documentaire.

War photographer brosse donc le portrait de l’américain James Nachtwey, considéré par ses pairs comme l’un des meilleurs photographes de guerre actuels. A première vue, l’homme semble réservé. Son sourire discret, ses tempes grisonnantes évoquent davantage un universitaire qu’un baroudeur. Pourtant, depuis vingt ans, pas un conflit n’a éclaté sans que James Nachtwey ne l’ait couvert pour le compte des plus grands magazines.

Grâce à des minis caméras fixées sur l’appareil de Nachtwey, Christian Frei nous plonge au cœur du travail du reporter sur le terrain. On entend sa respiration haletante, on devine ses peurs alors qu’il prend photo sur photo à quelques mètres à peine des combattants. L’effet est saisissant, bien plus poignant que toutes les images de guerre que l’on nous montre au journal de 20 heures. Collé à l’œil du photographe, le spectateur ne peut plus prendre ses distances. Ça se passe ici et maintenant.

Des enfants qui jettent des pierres en Palestine, une famille qui vit dans la misère en Indonésie, coincée entre deux voies de chemin de fer, des villages qui brûlent au Kosovo, des hommes assassinés à coups de machette au Rwanda, des réfugiés décimés par les épidémies, des mères qui pleurent leurs morts... Les images dont Nachtwey est le témoin sont terribles. Par contraste, l’homme, lui, est timide, courageux et engagé.

War photographer est à mille lieues de la caricature du reporter cynique et indifférent à tout, si ce n’est à la qualité de ses clichés. Il y a chez James Nachtwey bien plus que de la compassion, une volonté farouchement déterminée à se plonger au cœur de tous les conflits en espérant un jour les voir disparaître.

Des témoignages de personnalités du journalisme international complètent ce portrait bouleversant. Pour tous, James Nachtwey reste un mystère tant sa détermination est inflexible et son courage extraordinaire. La réalité qu’il affronte au quotidien est insupportable. Il la regarde en face derrière la protection dérisoire que lui offre son appareil photo.

Hélas ! Son combat ne s’arrête pas aux risques du terrain... Il lui faut encore publier ses photographies. Il paraît que la misère ne fait pas vendre : elle fait peur aux annonceurs.