Le 13 mars 2018
C’est dans son propos ambivalent que Waco puise sa grande force. Un traitement humanisant qui paye, pour une mini-série solide.
- Acteurs : Michael Shannon, Andrea Riseborough , Shea Whigham, Taylor Kitsch, Melissa Benoist
- Genre : Drame, Thriller, Série télé
- Date de sortie : 24 janvier 2018
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Résumé : Au mois de février 1993, l’ATF (le Bureau fédéral des alcools, tabacs, armes à feu et explosifs), dépendant du ministère de la Justice des États-Unis sous la Présidence de Clinton, livre une première attaque contre la petite communauté de Waco, au Texas qui se procure illégalement tout un arsenal d’armes. Menés par leur leader David Koresh, Les Davidians, comme se surnomment les membres de la secte, se retranchent dans leur propriété durant un siège de 51 jours qui s’achève par un assaut meurtrier du FBI.
Notre avis : Derrière son déroulement assez classique et son apparence très hollywoodienne et standardisée (pour ne pas dire plate), Waco choisit à ses risques et périls de ne pas tomber dans l’évidence et la facilité du traitement. Si les frères Dowdle, showrunners de la série, s’arrangent pour ne jamais trop se mouiller non plus, cette fiction romancée de la tragédie des Davidiens (paye le nom de ta secte) s’oriente vers une position clairement contestataire et dans l’ère du temps de l’usage quasi-systématique de la force par une bande de petits nerveux, ici l’ATF. Comme décontextualisée de l’époque dans laquelle elle se déroule pour mieux s’ancrer dans notre présent, Waco n’invente rien dans le propos, mais en revanche met en exergue parfaitement la politique et les valeurs défaillantes des agences fédérales face aux "ennemis" de l’Etat. Car, oui, cela pourrait surprendre, mais en multipliant les sources et les points de vue face à ce long siège surréaliste, le show de Paramount s’évertue à ne pas trop orienter sa retranscription des événements vers une dichotomie manichéenne. A bien y regarder, les deux camps qui s’opposent ici partagent autant de fautes qui amènent le FBI vers cet assaut meurtrier, car justement, que les Davidiens le veulent ou non, ils sont issus de la même culture américaine du self défense où l’impulsivité prend le pas sur la raison.
- Copyright : Paramount Network
Très malsaine lorsqu’on l’aborde de manière pragmatique, la secte dirigée par Davis Koresh prend ici des allures de grande famille, fondée sur des concepts discutables et critiqués avec parcimonie au terme de quelques scènes, mais contrebalancés par l’amour et l’unité qui transparaît de ce collectif réuni autour d’une croyance. Les frères Dowdle, par cet aspect, cherchent avant tout à traiter l’humain. De cette interprétation de la Bible, nous ne saurons finalement que peu d’éléments, juste les principaux (la polygamie en tête) histoire de présenter le centre névralgique des dogmes de la secte. Waco se limite au strict minimum et passe très rapidement sur l’étude théorique de la doctrine de ce groupe pour observer la manière dont il réagit, en tant qu’ensemble d’êtres humains, lorsqu’il est frontalement attaqué. Choix qu’à moitié payant, puisqu’il manque à la série un paramètre primordial pour saisir la mise à l’épreuve de ces Hommes : le temps. Waco ne sait pas figurer le temps qui passe, si bien que les 51 jours de siège n’en paraissent que 10 et la mise en place de l’assaut par l’ATF semble se faire sur un coup de tête, choix sûrement guidé (à moitié pardonné) par la volonté de la série de pointer la futilité de l’agence à déterminer ses cibles futures. Mais le problème est bel et bien là, si on ressent la pression sur les épaules de (tous, c’est important de le signaler) les personnages, on ne ressent pas leur usure, ni leur fatigue, du moins pas celles que l’on peut s’imaginer pendant 51 longs jours éprouvants.
- Copyright : Paramount Network
Heureusement Waco ne rate pas sa conclusion, climax tragique réalisé dans les règles, attendu mais jamais décevant, et percutant dans l’illustration du sort des assiégés mais aussi des membres du FBI, dont les principaux personnages ne sortent pas indemnes de cet accident. Plus que de montrer l’injustice et la mauvaise foi d’une administration fédérale, la série Paramount, fidèle à sa grande qualité, s’attache à dépeindre la réalité humaine d’un tel événement. Dans ce contexte, difficile d’oublier l’importance du casting dans la réussite de la série. La prestation étonnante d’un Taylor Kitsch effacé derrière David Koresh a déjà été saluée, à raison, mais il faut également souligner celles de Michael Shannon et Shea Whigham, piliers centraux du caractère nuancé apporté par le regard des frères Dowdle sur le siège. Ni bons, ni méchants, les personnages s’opposent par des visions incompatibles, une incommunicabilité entre les divers partis responsable de la finalité de cette prise d’otage. Waco appuie là où ça fait mal : la dégradation relationnelle progressive entre les Davidiens et le FBI ne résulte que d’une série de mauvaises décisions prises par chaque camp. L’aspect humain dépeint ne se résume pas seulement à l’émotion qui se dégage du drame, mais aussi au manque de discernement de chaque acteur pour voir dans l’action de l’autre un moyen de se sortir d’une situation dont tout le monde se serait bien passé. Un désastre complet, qui ne tient qu’à la nervosité stupide de l’être humain lorsqu’il est mis sous une pression écrasante.
- Copyright : Paramount Network
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