Savoir vivre
Le 18 juin 2003
Une vision sensible du roman de Paul Smaïl, posant comme fil rouge la relation fraternelle des deux frères Smaïl.
- Réalisateur : Jean-Pierre Sinapi
- Acteurs : Sami Bouajila, Sylvie Testud, Jalil Lespert
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français, Allemand
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– Durée : 1h26mn
Après National 7, Jean Pierre Sinapi adapte à l’écran le livre de Paul Smaïl Vivre me tue, et met en image la rage de vivre, le besoin de dépasser les carcans sociaux et les failles internes des protagonistes. Vivre me tue est une œuvre personnelle montrant avec simplicité la difficulté d’exister.
Paul et Daniel Smaïl, deux frères d’origine marocaine, vivent dans le 18e arrondissement parisien. Le premier, l’aîné, est l’intellectuel de la famille : il est titulaire d’un DEA en littérature ayant pour objet Moby Dick. Le cadet ne vit que pour son corps : par tous les moyens il cherche à le transformer dans l’espoir de faire un jour concurrence à son maître "Schwarzy". Pris entre un désir d’émancipation et le poids social de ses origines, chacun choisit sa voix et lutte sans jamais oublier les liens qui l’unissent à l’autre.
La mort de Daniel est le point de départ de ce film. A Hambourg où son jeune frère agonise, gavé d’anabolisants, Paul se remémore leurs parcours communs. La fureur qui les animait tous deux a été jusqu’à présent aussi stérile que la chambre d’hôpital de Daniel. Ni l’un ni l’autre n’est parvenu à accepter l’héritage familial et les difficultés d’intégration. Chacun a cherché à s’en accommoder à sa façon. Mais dépassant le corps social qui leur était imposé, ils se sont inventé un statut peut-être plus étriqué encore. Comme si leur parcours perverti par un besoin de reconnaissance démesuré n’avait jamais été en adéquation avec ce qu’ils étaient vraiment. Egarés dans un idéal, engoncés dans une fausse personnalité, ils n’ont d’autre choix que de s’extraire de cette enveloppe encombrante. Daniel, en se lovant dans ce corps bodybuildé, finira par étouffer sous le poids de l’apparence. La mort de son frère libèrera Paul et lui permettra d’écrire et d’accepter sa propre histoire.
Par ce parcours au singulier, Jean-Pierre Sinapi ouvre la voie du pluriel. La sincérité du jeu des acteurs amène une totale empathie. Le spectateur reconnaît la lutte interne des protagonistes et y voit ses propres peurs. Si la mort habite la vie, la conscience parfois douloureuse de soi permet d’exister. Le cinéaste, comme l’écrivain, peignent le mal de vivre avec les yeux de l’espoir.
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