Camping à la ferme - la critique

Critique : Après deux films forts et graves, Nationale 7 et Vivre me tue, Jean-Pierre Sinapi s’attaque à un sujet non moins grave, toujours à propos d’une marge de notre société, mais sur un mode plus léger, la comédie. Pour ce faire, il met les gros sabots, et transforme chaque personnage, ou presque (le toujours parfait Roschdy Zem et la ravissante Julie Delarme), en caricature totale. Dans ce patelin ou débarquent les jeunes, il y a le boucher autoritaire, le ferrailleur facho (Dominique Pinon, toujours aussi impeccable), le cantonnier simple d’esprit, etc. Les jeunes eux-mêmes sont bien définis, le renoi, le feuj, l’homme "d’affaires", etc. Dès lors, impossible de ne pas sombrer dans le vaudeville, la grosse blague et les "putain sa race, je vais lui niquer sa tête à la poule" qui sonne le réveil matinal.
Reste que Jean-Pierre Sinapi s’en sort en mettant à nu les faiblesses de ces jeunes, leur sensibilité et leur humour, évidemment. On rigole donc franchement, mais on n’y croit pas vraiment, comme on ne croit pas à l’amitié qui va naître entre les cailleras et le jeune garçon retardé qui vit dans leur ferme ; mais on se laisse convaincre, par optimisme. On ne retiendra donc pas la morale de l’histoire, qui appelle à regarder de plus près qui sont les pourris et qui sont les victimes de la société, et prône une complémentarité France des campagnes - France des cités. On se souviendra en revanche bien plus volontiers de ces sympathiques lascars et de leurs conneries comme on se souvient d’un petit film de vacances sur une bande de potes.