Mater dolorosa
Le 5 septembre 2005
Une expérience stylistique aussi fascinante que déconcertante.
- Auteur : Richard Morgiève
- Editeur : Denoël
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Deuxième tableau d’un triptyque entrepris avec Full of love, Vertig de Richard Morgiève est, au-delà des hallucinations de son anti-héros, une expérience stylistique aussi fascinante que déconcertante.
Vertig est le deuxième épisode des obsessions de Gérard Mas, héros d’un triptyque entrepris l’an dernier par Richard Morgiève avec Full of love. Gégé, c’est l’anti-héros, le beauf avec son roadster 450 CV, ses costards de marque, ses employés qui le saluent poliment et sa queue qu’il traîne dans tous les trous possibles. Gégé, c’est un homme dévoré par ses angoisses et ses hallucinations. Un soir, Gérard se retrouve confronté de façon violente à ses souffrances et aux fantômes des femmes disparues autour de lui à commencer par sa mère, son ombre fantasmatique et la béance étouffante de son ventre. Alors, Gérard part à la dérive jusqu’à enfin trouver le mot qui pourrait clore ses blessures et le faire renaître.
Morgiève s’attaque à la langue comme son héros Gérard à la viande en attente de cuisson. Il la déchiquette à pleines dents et la malaxe pour la recracher sur le papier en bouts de mots sanguinolents. Les phrases se finissent ou débutent au paragraphe suivant comme si la folie du narrateur le pressait de vomir ses hallucinations au plus vite. Ce déballage de visions et d’imprécations s’orchestre selon une mise en scène de paragraphes établie sur un mode binaire. Entre bête et humain, le héros n’exprime ainsi ses fantasmes et ses angoisses que dans un cadre purement mécanique où les un et zéro se succèdent à l’infini en titraille. Le vertige ne peut-il s’interrompre que par la structure du langage informatique ? Une question parmi tant d’autres auxquelles est constamment exposé le lecteur qui risque d’être désarçonné par l’entreprise de Morgiève. Au final, si l’expérience stylistique est fascinante, les hallucinations de Gérard Mas peuvent devenir lassantes au bout de deux cents pages mais les dernières pages tel un éclair lumineux réveilleront vite les paresseux de leur torpeur en attendant le troisième volet de cet étonnant triptyque.
Richard Morgiève, Vertig, Denoël, 2005, 296 pages, 18 €
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