Le 22 juillet 2017
- Réalisateur : Luc Besson
- Date de sortie : 26 juillet 2017
- Voir le dossier : Box-office américain
On fait le point sur le lancement américain, annoncé comme désastreux, de la superproduction de Luc Besson. Analysons-en les conséquences.
Se réveiller et découvrir le commentaire de Deadline sur les premiers chiffres de Valerian donne le tournis. Intitulé Valerian Still A Distaster With $16M$ (en gros « Valerian persiste sur la route du désastre avec un démarrage attendu à 16M$ », une référence aux chiffres pressentis pour son premier week-end américain), l’article fait mal. Si confirmées dimanche, les recettes du premier week-end seraient inférieures à celles du 5e élément (une trentaine de millions de dollars, si l’on prend en compte l’inflation).
Largement montré à la presse américaine et souffrant de critiques invariablement moyennes, Valerian est accueilli dans les salles comme un boulet, malgré tous les efforts de promotion du réalisateur de Lucy, dont la passion autour du projet n’est jamais remise en question par les professionnels américains, fascinés par son énergie de fan-boy de près de 60 ans.
Son film a été exposé dans plus de 3.553 cinémas et devrait, d’après les chiffres du vendredi et les réservations du week-end, s’orienter vers 16-17M$. Pour un blockbuster de 180M$, d’après les chiffres officiels, c’est effroyable, même le bide historique de John Carter d’Andrew Stanton avait réussi à ouvrir à 30M$ aux USA, dans un genre semblable. Tomorrowland de Brad Bird avait lui grappillé péniblement 33M$ pour finir à 93M$. Mais ces désastres confirmés à l’international étaient des productions d’une major, en l’occurrence Disney, et Valerian est… la production européenne la plus chère de l’histoire. Ouch.
Face à la concurrence, Valerian n’est pas audible. Dunkerque s’offre des papiers dithyrambiques et convoque déjà le mot Oscar à l’esprit de ses producteurs. La comédie girlie ethnique Girls Trip a été produite pour rien par Universal, studio qui, depuis deux ans, transforme à peu près tout ce qu’il touche en or, irritant son concurrent Disney qu’il dépasse encore en France au terme des 7 premiers mois de 2017. Les deux buzzards enterrent l’aérien Valerian destiné à briller de mille feux. Le premier embrasera plus de 50M$ en 3 jours, le second prend le chemin des 25-30M$. Et comme les week-ends passés ont été riches en succès, tout le monde n’a pas encore pu voir La Planète des Singes : Suprématie et Spider-Man Homecoming qui seront donc devant la nouveauté de S.F., que Deadline compare à la réception de Dune. Pour mémoire, l’adaptation de Lynch avait été une sacrée veste, écartant définitivement le réalisateur de Blue Velvet de l’univers à formule du blockbuster.
Luc Besson a commis probablement l’erreur d’une date de tournage posée dans le marbre et qui aurait peut-être dû être revisitée. Avec en tête le triomphe de Lucy (126M$), qui avait crée la surprise lors de sa sortie le 25 juillet 2014 (43M$ en 3 jours), Besson a probablement été tenté d’en réitérer le démarrage exaltant. Mais Lucy coûtait 40M$, personne ne l’avait vraiment vu venir, quand Valerian déploie un budget exponentiel et dévoile des ambitions commerciales autres. La semaine prochaine, comble de l’ironie, Luc Besson devra affronter un nouveau personnage de cinéma, celui de Charlize Theron, dans l’explosif Atomic Blonde, qui est du pur EuropaCorp, entre Nikita et Lucy.
L’on peut se demander si légitimement Valerian n’aurait pas dû être dévoilé au public le week-end du 23 mai, face à Pirates des Caraïbes 5, qui était voué à avoir des critiques bien inférieures à la concurrence et à des scores en déclin sur le territoire yankee. Ce week-end aurait pu permettre à Besson de faire coïncider le décollage de son nouveau long avec celui du 5e élément, vingt ans plus tôt, à Cannes. Le classique avec Bruce Willis (tiens, un nom de star !) ressortait d’ailleurs aux USA en mai dernier.
Pour la France, l’exposition cannoise aurait été peut-être plus déterminante, puisque chez nous, le studio EuropaCorp, qui lance le film curieusement après la sortie outre-Atlantique, l’a peu montré à la presse, et la sortie estivale le prive d’une omniprésence médiatique, celle que lui aurait conféré une avant-première sur la Croisette ; celle du Grand Rex un 25 juillet, sera, on l’imagine, bien moins suivie sur les plages de Navarre.
Prévu évidemment en Asie, notamment en Corée du Sud le 30 juillet, et même officialisé en Chine, sans qu’on ait une date de sortie, le film épique de Luc Besson a encore bien des cartes à jouer pour faire montre de la vigueur exemplaire essentielle pour effacer le poids de l’échec américain. D’autres avant lui ont réussi, on citera volontiers les fours américains de Warcraft et La Momie, qui ont pourtant tous deux généré plus de 300M$ hors USA. Valerian pourra faire bien mieux, et devrait largement parler aux Européens, aux Russes et à l’Asie. Dans tous les cas, le songe d’une franchise autour de Valerian pourrait être compromis.
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