Le 7 octobre 2013
- Dessinateur : Vaïnui De Castelbajac
- Editeur : Delcourt
- Festival : FESTIBLOG
- Plus d'informations : Le site de Vaïnui de Castelbajac
Au Festiblog, nous avons rencontré Vaïnui De Castelbajac pour parler de son Docteur Rorschach. Entre autres choses.
C’est au Festiblog que nous avons rencontré Vaïnui De Castelbajac pour parler de son Docteur Rorschach (Delcourt).
Entre un festifight et une masterclass sur le Turbomédia, l’illustratrice nous raconte ses projets, ses convictions et son parcours.
Entretien avec une fille qui, avant, était dans la pub. Mais ça c’était avant...
Beaucoup d’années de BD derrière toi mais on te connait peu. Une petite présentation ?
On me connait peu parce que c’est ma première BD ! Alors, moi je suis Vaïnui de Castelbajac, je suis illustratrice et, en fait, avant, j’étais dans la publicité, j’étais créative / directrice artistique pendant presque 8 ans. J’ai toujours dessiné et fait de l’illustration à côté et, il y a 3/4 ans, j’ai décidé d’arrêter la pub pour ne faire que ça.
Aujourd’hui, je suis illustratrice pour des magazines, des bouquins, pour la pub et pour pas mal d’autres choses. Mon rêve de gosse, c’était de faire de la BD. J’ai lancé ce personnage du docteur Rorschach un jour sur Facebook en commençant par un dessin, celui de la poupée russe, les gens ont kiffé et ont commencé à se le partager. Alors j’en ai fait un deuxième, un troisième et c’est devenu un blog. Sophie Chédru, éditrice chez Delcourt, est tombée dessus et m’a proposé d’en faire un bouquin. Ô joie, j’étais contente. Et voila...
J’ai lu que tu avais commencé la BD à 8 ans, que tu avais fait un petit magazine...
J’ai fait un magazine à 8 ans qui s’appelait le Zigoto Magazine, avec mon meilleur copain. C’étaient des personnages, c’est marrant car c’est un peu comme aujourd’hui. Je faisais beaucoup d’objets ou d’animaux personnifiés, à l’époque, comme une endive, une tomate, de petits personnages que l’on vendait en faisant du porte à porte en se faisant passer pour des boys scouts.
Et tu n’as pas voulu continuer directement dans la BD ?
En fait, je me suis inscrite dans une école de graphisme dans l’idée de faire de l’illustration et je me suis fait attrapée par une agence de pub. Une chose entrainant une autre, j’y suis restée. Mais c’est vrai que c’était ça que je voulais faire à la base : de la BD. Et c’est à 30 ans que je commence, en fait (rire).
En tous cas, ça commence bien...
Oui, ça commence bien mais, après, c’est un peu particulier car ce n’est pas vraiment de la bande dessinée mais plutôt des dessins d’humour. C’est un peu difficile à classer. Quand Sophie m’a attrapée pour ce projet elle m’a dit que je devrais en faire une bande dessinée. Elle m’a dit "C’est bien, ton personnage il est cool mais il faudrait faire un truc avec plusieurs cases" comme une vraie BD mais en fait je n’y arrive pas, je n’arrive qu’à faire des dessins uniques.
Et c’est là qu’arrivent les pages avec 4 cases...
Oui. Il y en avait 2/3 mais pas beaucoup et donc on peut dire que ce n’est que du dessin d’humour.
Et d’où te viennent tes idées, ces jeux de mots ? Un peu comme ça, comme ça vient ? De ton vécu de tous les jours ?
En fait c’est clairement une déclinaison. La première idée, je l’ai un peu comme ça... Un objet chez le psy et, après, c’est une déclinaison comme dans la publicité ou tu déclines un concept. Alors, j’imagine un mille pattes chez le psy et me demande quel peut être son problème... Et c’est toujours en partant comme ça. Ou, alors, au contraire, je pars de phrases classiques que l’on peut dire chez le psy comme "je ne sais pas si je vais réussir à me reconstruire" et me dit qui pourrait dire ça ? Qu’est-ce qui pourrait être marrant ? Réponse : Un puzzle !
Pour les premiers dessins, c’est facile, on a les phrases types qui viennent toutes seules mais, après, ça a du se corser pour trouver l’inspiration. Comment tu as fait ?
Je prend beaucoup de drogues (rire). Je me suis baladée sur quelques sites de psy pour essayer d’en connaitre un peu plus sur les maladies, comme la bipolarité, par exemple, ou ce genre de choses que je ne connaissais pas forcément. Mais je ne me suis pas intéressée plus que ça sur le sujet. Et, étonnement, il y a pas mal de psys qui viennent me voir en dédicace, achètent mon bouquin et me disent qu’ils trouvent ça très juste, en fait. Ils trouvent que les sujets abordés sont très fidèles alors, qu’en fait, je n’y connais rien.
Et donc, il y a une suite de prévue ?
Je ne pense pas qu’il y aura une suite à ce personnage. Par contre, je pars sur un nouveau projet qui va être sur l’univers des homos. J’avais déjà une petite série d’illustrations What’s Gouine On ?, qui visible est sur mon site, sur les lesbiennes, c’est pour le moment en jachère mais je pense que je vais continuer sur ce sujet là.
Et en tant que dessinatrice ? Scénariste ? Les deux ?
Oui, j’aime bien faire les deux.
Est-ce que tu t’engages pour la cause ?
Oui, je suis quelqu’un de très engagée : j’ai illustré le rapport sur l’homophobie, j’ai travaillé avec des associations, j’organise des soirées, aussi. Déjà, je suis ouvertement gay ce qui n’est pas forcément très courant et puis, avec cette petite série que j’avais commencée, j’ai essayé de rendre le milieu un peu plus marrant, un peu plus accessible. A petite échelle, j’ai essayé de nous rendre plus sympathiques.
Comment va être tourné ton projet ? Comme une chronique ? Avec de l’humour ? Ça va être coup de gueule ?
Non, non, ça va être exactement la même déclinaison de ce que j’avais déjà pu faire, c’est à dire des scènes de la vie quotidienne de lesbiennes et de PDs avec de l’humour. Mais je ne peux pas t’en dire plus car je n’en sais moi-même pas beaucoup plus.
Et qu’en pense ton éditeur ?
On en a déjà parlé et ils ne sont pas contre. Il y a eu, d’ailleurs, pas mal de BDs sur le sujet : La Lesbienne Invisible par Océane Rose Marie, le Bleu est une Couleur Chaude, le projet 17 mai...
Et puis il y a Mauvais Genre sur le transgenre. Je vais provoquer : n’est-ce pas un phénomène de mode ?
C’est COMPLÉTEMENT un phénomène de mode. Il n’y a pas longtemps, un grand site féminin m’a contacté pour illustrer un Kamasutra lesbien : tout le monde essaie de surfer sur cette vague là.
Et tu penses quoi de cet engouement ? Tu n’as pas l’impression que ça dénature un peu le propos ?
Non, je ne crois pas car plus on en parle, plus ça devient connu. Plus ça devient connu, moins il y a de peurs et, je pense, moins d’homophobie.
Tu dédicaces au Festiblog. Comment tu te sens dans cette grande famille des blogueurs ?
Moi, je suis une nouvelle venue. Je ne les connais pas trop les gens, ici, mais ils sont tous super-gentils avec moi. Ce sont des gentils, les gens de la BD. Moi, je viens du monde de la pub et ce ne sont pas des gentils, eux.
On sent que les gens sont contents d’être là. Je pense que beaucoup commencent par la création d’un blog. Et, ici, ils peuvent retrouver leur public. Car c’est un métier où tu es vachement solitaire, quand même, la BD. Ou l’illustration en générale. En fait tu rencontres rarement ton public, finalement, et le Festiblog, c’est une bonne occasion de le faire.
Du coup avec le succès de Rorschach, tu vas faire une tournée de dédicaces dans des festivals ?
Écoute : là, je vais surtout partir faire un tour du monde et, du coup, je vais tout louper. Pour Angoulême, je serais au fin fond de l’Australie. Ça va être de grosses vacances mais je vais quand même bosser car je pars avec mon projet de bande dessinée et la possibilité de travailler un peu n’importe où. Et je vais voyager...
En fait, c’est mon deuxième rêve de gosse, après la BD. Voila : je suis en train de tous les aligner.
A 30 ans seulement, réaliser tous tes rêves de gosse ? Tu vas faire quoi après ? Rester chez toi en charentaises ?
(rire) Voila, rocking-chair, tout ça...
Revenons à Rorschach. Avant lui, il y avait les psychanalyses chez Warum(des mangas, des mickeys, etc.) scénarisées par Wandrille. Est-ce que l’on t’a déjà reproché de copier ? Faire du plagiat ?
Non. Le truc marrant est que le premier mec que j’ai contacté avec mon projet c’est lui, c’est Wandrille. Je suis allé le voir avec mon truc et il m’a dit que mon projet était cool mais qu’il ne pouvait pas le publier. Mais il ne m’a jamais reproché ça. Et j’ai eu vent de ces petits bouquins une fois ma série terminée en parlant à des gens, en demandant à quels éditeurs je pourrais le proposer. On me répondait : "il y a un mec qui fait ça, tu devrais lui proposer..."
En tous cas, pas encore de procès, on verra.
What else ?
J’ai une expo le 10 octobre dans une galerie qui s’appelle la milk factory. C’est une galerie qui est hébergée par les produits laitiers et qui ouvre ses portes à des artistes pour faire des trucs sur l’univers du lait. J’investis la galerie avec des animations, des petits dessins-animés, des illustrations, des volumes avec des petits personnages, des petites briques de lait, des pis de vaches.
Je suis toute seule à exposer. L’expo s’appelle Et pis c’est tout, un jeu de mots incroyablement drôle. Et c’est jusque mi-décembre.
Tu dois retrouver un peu ce que tu faisais dans la pub ?
Oui mais c’est pas vraiment de la pub, c’est plus du dessin d’humour.
Ca correspond à ce qu’il y a sur le blog : des choses mignonnes, graphiques... ? C’est cet esprit là ?
Oui tout à fait, complétement.
Il y a une section tatouage sur ton blog, c’est quoi ?
J’aime bien dessiner partout, tu vois, et le must, c’est de dessiner un truc qui reste toute la vie, sur la peau. Oui, j’aime bien (elle me montre une croix magnifique tatouée sur son avant-bras)
C’est toi qui l’a fait celui-ci ?
Oui
On t’en demande souvent ?
Oui, j’en ai fait quelques uns. Mais c’est terrible car quand je les vois sur les gens, sur mes copains, j’ai envie de les refaire ! Je me dis que j’aurais fait des détails différemment...
Quand j’ai quitté la pub j’ai failli me mettre en apprentissage dans un salon de tatouage mais au moment où je te parlerais j’en aurais partout.
Tu souhaites ajouter quelque chose ?
Écoute, essaie d’écrire un article dithyrambique...
Dithyrambique ?
Oui, c’est mot compte triple (rire)
Un grand merci à Vaïnui pour l’entretien et le dessin. Et on lui souhaite un bon voyage aussi (avec la pensée que quand elle sera en Australie, on sera à Angoulême, nous).
Docteur Rorschach de Vaïnui De Castelbajac (Delcourt) - 14.95€
Galerie Photos
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