Le 13 janvier 2021
D’une plume incisive, Mikhaïl Chevelev tire un portrait sans pitié de la Russie actuelle, marquée par de profondes cicatrices dues à son passé complexe.


- Auteur : Mikhaïl Chevelev
- Collection : Du monde entier
- Editeur : Gallimard
- Genre : Roman
- Traducteur : Christine Zeytounian
- Date de sortie : 14 janvier 2021
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur

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Résumé : C’est avec une grande surprise que Pavel Volodine, journaliste moscovite, apprend un soir qu’il est attendu sur les lieux d’une prise d’otages, où on le réclame comme médiateur. Un homme retient plus d’une centaine de fidèles dans une église, et ne veut négocier qu’avec lui. Pavel reconnaît alors Vadim, qu’il avait fait libérer lors d’une mission bien des années auparavant. Engagé malgré lui dans une périlleuse course contre la montre et un improbable dialogue, il tente de comprendre ce qui a pu le conduire à faire le choix du terrorisme.
Critique : Dans ce court roman mené au présent, le journaliste russe d’opposition Mikhaïl Chevelev pointe du doigt la responsabilité de tout un chacun dans la situation actuelle de son pays. Il s’attarde sur les raisons qui poussent un individu au désespoir à dérailler. Partant de l’effet, il décortique les causes pour comprendre l’enchaînement des événements. Son héros et narrateur, Pavel, est journaliste, tout comme lui. Un soir de 2015, l’une de ses connaissances exige de s’entretenir avec lui : Vadim est devenu preneur d’otages et ne négociera qu’avec Pavel. Le narrateur revient ensuite sur les circonstances de leur rencontre, puis alternera passé et présent pour montrer l’escalade, dénoncer les multiples dérives du gouvernement russe – les guerres de Tchétchénie et la récente Guerre d’Ukraine, les violences policières passées sous silence par le gouvernement. L’engagement de ce primo-romancier culmine lorsque, dans un seul et unique chapitre, le narrateur et l’écrivain fusionnent, auteurs d’un pamphlet à charge bien audacieux dans cette dictature à peine voilée.
Dans un style mordant, Mikhaïl Chevelev s’attaque au régime en place et s’interroge : peut-on vivre en Russie aujourd’hui et se déclarer innocent des drames qui se sont joués et qui continuent à relever du destin soviétique, plaques tectoniques invisibles et indicibles, mais bien mouvantes ? Plein de morgue, Une suite d’événements évoque drames personnels et drames collectifs, ou comment une tragédie peut amener un individu à violemment se rebeller. Suivi d’une très brève, mais non moins incisive postface de Ludmila Oulitskaïa, femme de lettres russe, ce livre se démarque par son ironie et son cynisme à la Trevanian, par ses pages gorgées de discours indirects libres et teintées des pensées crânes du héros, porte-parole de son créateur.
Mikhaïl Chevelev -Une suite d’événements
Gallimard
176 pages
140 x 205 mm
18 euros