Une fois comme jamais - la critique du film

(C) 2018 Les découvertes du Saint André des Arts - Tous droits réservés

Notre avis  : D’abord, on ne comprend pas la multiplicité des personnages que rien ne relie, sinon la volonté d’un montage expressif. On se doute que les uns et les autres convergeront vers la vieille dame de quatre-vingt seize ans. Ils le feront dans le calme d’une ferme, pour soustraire la paisible valétudinaire au décor clinique d’une maison de retraite. Plutôt que de la laisser mourir à petit feu, ils la divertiront, sans oublier qu’eux-mêmes tentent de se réinventer une existence en communauté, entre solidarité et blagues potaches. Deux marginaux qui singent l’enfance sur un mode brélien font les clowns autour de Mamine, rebaptisée "mère-grand", parce que c’est leur façon à eux d’en prendre soin. Au-delà des pitreries, la caméra s’attarde sur la prévenance des uns et des autres, lorsqu’il s’agit de coucher cette femme ou de la faire manger. D’autres plans, plus statiques, construisent des tableaux superbes où la petite fille, pas dupe des mensonges adultes, rejoint son arrière-grande mère dans un sommeil tendre. A ces moments précis, le temps lamartinien suspend enfin son vol. Certes, on devine que la mort n’est jamais loin, mais si proche de la nature, on imagine que Mamine s’éteindra doucement, entourée d’une affection sincère, plutôt que d’agonir comme un numéro, entre quatre murs anonymes, dans une chambre qu’il faudra rapidement libérer.

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Les comédiens donnent à ce film sensible la dimension d’un plaidoyer en faveur des personnes âgées, sans forcer outre mesure le sens de ce qui se donne à voir. On retrouve avec grand plaisir la trop rare Nathalie Roussel, dans le rôle d’une amie qui feint d’être la fille de Mamine. On apprécie qu’à d’autres moments, une caméra languide saisisse une manière de mener sa vie, au rythme d’une nature qui compose le plus doux des écrins.