Le 19 décembre 2022
La surprenante et délicate complicité de deux femmes rivales unies par un même désir d’émancipation.
- Réalisateur : Kamila Andini
- Acteurs : Happy Salma, Laura Basuki, Arswendy Bening Swara
- Genre : Drame
- Nationalité : Indonésienne
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h43mn
- Titre original : Nana
- Date de sortie : 21 décembre 2022
- Festival : Festival de Berlin 2022
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Résumé : Quinze ans après avoir été séparée de son mari, Nana refait sa vie auprès d’un homme riche qui la gâte autant qu’il la trompe. C’est pourtant sa rivale qui deviendra pour Nana l’alliée à laquelle elle confie ses secrets passés et présents, au point d’envisager un nouvel avenir.
Critique : Pour pénétrer au cœur de cette intrigue tant politique que féministe, il est utile de se remémorer quelques événements marquants de l’histoire récente de ce pays d’Asie du Sud-Est. Car l’oppression faite aux femmes se superpose avec la violence d’un pays qui, à peine libéré du joug néerlandais en 1945, subit l’occupation japonaise et les exactions qui l’accompagnent. À l’aube des années 60, l’Indonésie connaît un regain communiste avec l’arrivée du PKI, troisième plus grand parti communiste après la Chine et l’Union soviétique, soutenu par Sukarno, premier président de cette toute jeune république. Il est renversé en 1965 par un coup d’État. S’installe alors une dictature militaire qui emprisonne ou astreint à des travaux forcés plus d’un million de personnes.
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Après Kuni, (ce film sorti en Indonésie en 2021 n’a pas eu les honneurs des écrans français), qui mettait en scène une adolescente férocement opposée à toute forme d’union, la réalisatrice Kamila Andini, éternellement sensible à la cause des femmes, dresse, à travers cette quatrième œuvre, le portrait d’une citoyenne indonésienne parmi tant d’autres. Bien que victime de son époque, de la guerre, de la politique, de la société patriarcale, elle garde, tout au fond d’elle-même, l’espoir de trouver un jour la voie vers l’émancipation. Les premières images de Nana et de sa sœur prises au piège de la jungle à l’heure de l’invasion japonaise en 1945 symbolisent la fuite en avant imposées à celles qui, dès leur plus jeune âge, apprennent à se taire et à se cacher.
Au seuil des années 60, Nana, épouse et mère de famille nombreuse, bercée par le confort qu’un mari aussi riche qu’infidèle lui offre, semble résignée à cette obligation de perpétuelle retenue. Ses désirs, ses secrets, ses difficultés, ses angoisses et même ses joies, elle les étouffe comme elle le fait avec ses cheveux emprisonnés dans un chignon serré.
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Une pirouette scénaristique plus tard, loin de tout conformisme, notre héroïne découvre une perspective de liberté à la faveur d’une rencontre tout à la fois inattendue et solidaire, parenthèse idéale pour faire la part belle à l’entraide féminine et secouer fort à propos une ambiance doucereuse teintée de rêverie, menant dangereusement la narration aux frontières de la torpeur. Plus contemplatif que descriptif, le film bénéficie d’une élégante mise en scène baignée de tons pastel et d’une multitudes de tonalités judicieusement parsemées. Pourtant, cette langueur qui le sous-tend le prive de tout frémissement émotionnel. Une interprétation impeccable et la beauté des décors enveloppent cependant d’un charme gentiment suranné ce récit d’émancipation universel dans lequel on se laisse emporter.
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