Le 24 janvier 2019
La lutte des droits des femmes vue par le prisme de la vie de Ruth Bader Ginsburg, juge à la Cour suprême érigé en dernier rempart anti-Trump et en icône féministe. Par Mimi Leder, vieille routarde de la réalisation (Pacificateur et Deep Impact), redevenue hype.
- Réalisateur : Mimi Leder
- Acteurs : Kathy Bates, Justin Theroux , Armie Hammer, Felicity Jones, Jack Reynor, Sam Waterson, Cailee Spaeny
- Genre : Biopic
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 2h01mn
- Date télé : 8 juillet 2023 22:35
- Chaîne : OCS Max
- Titre original : On the Basis of Sex
- Date de sortie : 2 janvier 2019
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Résumé : Jeune avocate idéaliste, Ruth Bader Ginsburg vient d’avoir un enfant et ne trouve aucun cabinet prêt à engager une femme… Lorsqu’elle accepte une affaire fiscale avec son mari Martin, elle comprend qu’il y a sans doute là l’occasion de faire évoluer sa carrière. Mais elle est surtout consciente de pouvoir changer le regard de la justice sur la discrimination fondée sur le sexe. "Une femme d’exception" retrace les jeunes années de celle que l’on surnomme "Notorious RBG". Aujourd’hui âgée de 85 ans, elle siège à la Cour suprême et est l’une des plus grandes figures progressistes des États-Unis.
Critique : Après un documentaire sorti à l’automne (RBG), voici le dernier avatar de la Ruth Bader Ginsburg mania, juge à la Cour suprême érigé en dernier rempart anti-Trump et en icône féministe. Le choix du titre français, Une femme d’exception, plutôt que la traduction littérale du titre original, On the basis of sex qui fait davantage référence à la lutte politique qu’à la personne qui la mène, s’inscrit parfaitement dans ce contexte.
- © 2018 Storyteller Distribution.co.LLC. Tous droits réservés.
Une femme d’exception, réalisée par Mimi Leder, raconte ainsi la vie de Ruth Bader Ginsburg (RBG) – interprétée sobrement par Felicity Jones - et plus particulièrement le combat qu’elle a mené pour rendre la discrimination « sur la base du sexe » anticonstitutionnelle. Nous sommes ici en pleine hagiographie, RBG ayant l’Histoire de son côté et nous étant montrée à la fois comme une brillante juriste, une épouse et mère aimante. Montrée comme un véritable role model pour les jeunes générations, ce n’est donc pas avec ce film qu’on trouvera un peu de complexité chez elle. Pas plus qu’on ne trouvera de réel intérêt à la première partie narrant les années d’étude de notre héroïne, où elle a dû affronter le sexisme ambiant des années 50. La misogynie dépeinte est tellement assumée et frontale (par exemple, le directeur de l’école de droit de Harvard qui, lors d’un dîner de rentrée, somme les étudiantes fraîchement arrivées d’expliquer les raisons de leur présence dans cette université alors que leur place aurait pu revenir à un homme) qu’elle place le spectateur dans une situation d’indignation un peu facile.
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Les porteurs de ce sexisme forcené sont irrécupérables et donc peu intéressants.
Après un bond d’une quinzaine d’années, notre brillante juriste, qui voulait être avocate mais a dû renoncer et devenir professeure faute d’employeurs mâles prêts à embaucher une femme, décide de s’associer à son mari, lui avocat, pour attaquer en justice une loi fiscale permettant une discrimination entre les sexes. L’originalité de ce combat féministe est que cette loi discrimine en fait les hommes puisqu’elle ne permet de déduction fiscale des frais des garde-malades qu’à la condition que ceux-ci soient des femmes. C’est ici que le film commence vraiment. On retrouve alors le savoir-faire scénaristique indéniable du cinéma américain à l’œuvre dans les films de procès, tradition nationale pour ce pays qui a un rapport à la loi et aux institutions très fort que l’on retrouve aussi bien chez Capra que Spielberg.
Il s’agit pour l’héroïne d’arriver à convaincre des magistrats conservateurs de mettre le droit à jour des avancées féministes de l’époque en supprimant la discrimination sexuelle contenue dans cette loi fiscale en particulier. C’est l’occasion de mettre en scène, parfois de façon complaisante, des morceaux de bravoure rhétorique, mais aussi des arguties juridiques et les débats sur les stratégies pour parvenir à l’égalité des sexes. Évidemment, il n’y a pas de suspense, l’Histoire ayant tranché, et les certitudes des spectateurs sont encore une fois confortées– un film sur la reconnaissance du harcèlement sexuel ou même sur l’avortement aurait été autrement plus clivant. La mise en scène est illustrative et sans génie mais efficace.
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Le rythme est soutenu et ne connaît pas de baisses de régime par des scènes inutiles. En effet, très souvent dans ce type de long-métrage, il nous est montré maladroitement le contre-champ domestique du grand récit, ce qui est bien souvent l’occasion d’avoir un personnage féminin à peu de frais en la personne de l’épouse (voir récemment avec First man). Le héros qui se consume dans son travail, subit les doléances de sa femme qui se plaint de sa désertion du foyer, donnant ainsi lieu à des scènes pénibles. Rien de tel avec Une femme d’exception, puisque le héros est une héroïne et qu’elle forme avec son mari, également avocat, l’équipe de défense qui va porter l’affaire devant les tribunaux. Quant à la fille de RBG, elle lui servira de révélateur des mutations de l’époque et la convaincra que la société est prête pour l’égalité hommes-femmes. Le foyer n’est donc pas l’arrière-front du combat mais son avant-poste. On tient aussi à nous montrer le mari, joué avec beaucoup de charme par Armie Hammer, en train de cuisiner, de s’occuper de sa fille et au diapason de la lutte menée par sa femme puisqu’il y est partie prenante. Le couple qu’ils forment tous deux est une quasi utopie féministe assez émouvante.
Une femme d’exception n’est certes pas décisif sur la lutte des droits des femmes, mais il arrive néanmoins à être assez captivant dans le détail du récit de ce combat inachevé, par la grâce d’un scénario bien charpenté, davantage que par une mise en scène vraiment inspirée.
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