Le 3 mai 2024
Quand l’aventure et l’enquête policière côtoient l’arène politique, cela donne un grand film passionnant, ancré dans l’univers feutré du Parlement européen. Une affaire de principe est une vraie réussite.
- Réalisateur : Antoine Raimbault
- Acteurs : Joaquim de Almeida , Nicolas Vaude, Maria de Medeiros, Bernard Blancan, Vincenzo Amato, Bouli Lanners, Béatrice de Staël, Wim Willaert, Thomas VDB, Lisa Loven Kongsli, Céleste Brunnquell
- Genre : Drame, Thriller, Politique, Thriller politique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Memento Distribution
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 1er mai 2024
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Résumé : Bruxelles, 2012. Quand le commissaire à la santé est limogé du jour au lendemain, dans la plus grande opacité, le député européen José Bové et ses assistants parlementaires décident de mener l’enquête. Ils vont alors découvrir un véritable complot menaçant de déstabiliser les instances européennes, jusqu’à leur sommet.
Critique : Les élections européennes sont au cœur du débat actuel et voilà que surgit sur les écrans le nouveau film d’Antoine Raimbault qui égratigne, autant qu’il le peut, le pouvoir absolument déconcertant du lobbying sur l’intérêt général. En l’occurrence, le réalisateur s’intéresse à une enquête menée par le célèbre parlementaire écologiste, José Bové, qui découvre que l’industrie du tabac ne serait pas indifférente dans l’éviction pour le moins contestable d’un parlementaire, porteur d’un amendement en faveur des paquets neutres de cigarettes. Le sujet est sensible, particulièrement dans un contexte où les électeurs sont prêts à faire advenir au pouvoir des partis extrémistes, dans un contexte où la méfiance prédomine vis-à-vis des bureaucrates qui fondent les lois et décrets européens. Une affaire de principe est évidemment un film engagé, résolument partisan, qui montre avec brio la mécanique technocratique du Parlement européen.
- Copyright Pascal Chantier
Le réalisateur revient sur les écrans après son premier film, le très brillant Une intime conviction. Il s’attaque à un sujet contemporain que le commentaire historique n’a pas encore jugé. L’enjeu du film est donc de démonter les évidences à la manière finalement d’un procès, le personnage de José Bové se confiant d’emblée auprès d’une jeune stagiaire sur la différence à opérer entre ce qui relève du droit et ce qui relève de la justice. Le débat éthique se situe donc dans cette contradiction entre l’injustice des positionnements des industries du tabac et l’accusation qui pèse sur le parlementaire, et ce qui devrait transcender les oppositions par le respect des droits. Si le sujet demeure très complexe, le scénario rend absolument lisibles les méandres du pouvoir bureaucratique où les règlements s’écrivent dans des bureaux luxueux, à mille lieux des préoccupations quotidiennes des habitants qui vont devoir appliquer ces règles. Le réalisateur témoigne ainsi des tractations politiques et d’une certaine déconnexion des élus qui se rassemblent dans l’arène parlementaire ou errent d’une réunion à l’autre, au risque hélas de dégoûter le spectateur de l’intérêt pour l’Europe.
Mais Une affaire de principe demeure avant tout une aventure très rythmée qui met en scène un parlementaire déterminé, José Bové, entouré d’un attaché aussi passionné qu’usé et d’une jeune stagiaire qui fait ses armes dans l’enceinte de Bruxelles. On croise des figures célèbres comme José Manuel Durão Barroso, l’ancien président de la Commission européenne, dans un récit pédagogique à l’issue duquel le spectateur ressort avec l’impression d’avoir tout compris des organisations européennes. L’humour et la relative décontraction des personnages principaux apportent à l’histoire une dimension proprement ludique. On se balade avec eux, d’un étage à l’autre du Parlement européen, croisant des œuvres d’art assez déconcertantes, et des personnages aussi drôles que désopilants. Les combats politiques se jouent, non pas dans l’enceinte parlementaire, mais dans des commissions ou même lors des déjeuners dans la cantine du Parlement. Grâce à la magie du cinéma, le spectateur est invité dans un univers très éloigné de son quotidien, qui finit presque par lui devenir familier.
- Copyright Pascal Chantier
La réussite du film ne serait pas possible sans l’interprétation absolument jubilatoire des trois interprètes principaux, Bouli Lanners dans le corps de José Bové, Thomas VDB dans la peau de l’attaché parlementaire et Céleste Brunnquell en tant que stagiaire passionnée. La ressemblance physique des comédiens avec les vrais personnages est bluffante, à laquelle se rajoute une gestualité précise et très travaillée. Une affaire de principe est un film d’acteurs, au sens noble du terme. Ils évoluent dans l’enceinte parlementaire à la fois comme des comédiens sur une scène de théâtre vivante, mais aussi malgré eux, comme de vrais hommes politiques, porteurs d’un combat légitime et franc.
Avec son second long-métrage, Antoine Raimbault ne fait pas une seule faute de goût. Une affaire de principe poursuit le débat éthique engagé d’Une intime conviction qui mettait en opposition la question de la justice et celle du droit. Le nouveau long-métrage endosse une dimension supérieure, mettant en jeu les intérêts généraux des citoyens européens aux prises, malgré eux, avec des manipulations lobbyistes qui défendent les intérêts particuliers des entreprises qu’ils représentent. Le film est passionnant, rythmé et magnifiquement interprété.
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