Le 9 juin 2021
- Réalisateur : Ray Yeung
- Acteurs : Tai-Bo, Ben Yuen, Au Ga Man Patra, Lo Chun Yip, Lam Yiu Sing, Kong To
- Titre original : 叔·叔 [Suk Suk] (« Grand oncle cadet »)
- Distributeur : Épicentre Films
- Genre : Drame, Romance, LGBTQIA+
- Date de sortie : 9 juin 2021
- Durée : 1h32mn
- Titre original : 叔·叔 [Suk Suk] (« Grand oncle cadet »)
Film pudique, sensible et mélancolique, Un printemps à Hong Kong convainc par sa manière de ne jamais verser ni dans le drame, ni dans le didactisme ou le militantisme.
Résumé : Pak, chauffeur de taxi et Hoi, retraité, vivent à Hong Kong. Ils ont construit leur vie autour de leur famille mais leur rencontre, au hasard d’une rue, les entraine sur les pentes d’une belle histoire d’amour, qu’ils décident de vivre sans toutefois bouleverser les traditions de leur communauté.
Critique : Troisième long-métrage de Ray Yeung, Un printemps à Hong Kong est cependant le premier du réalisateur à bénéficier d’une sortie sur les écrans français : s’il est le seul qu’il ait filmé en cantonais, ce long métrage s’inscrit dans la continuité de l’œuvre du cinéaste, qui se présente lui-même comme un artiste LGBT, en racontant une histoire d’amour entre deux seniors, tous deux grands-pères, qui ont caché, durant toute leur vie, leur orientation sexuelle à leurs familles respectives.
- Copyright : Epicentre Films
Ray Yeung n’est pas, tant s’en faut, le premier à aborder le thème de l’homosexualité dans le cinéma chinois en général (on pense à Garçon d’honneur d’Ang Lee, auquel le film fait d’ailleurs un clin d’œil, à Adieu ma concubine de Chen Kaige ou encore au cinéma du Taïwanais Yonfan), et hong-kongais en particulier (en témoignent Happy Together de Wong Kar-wai ou les films de Stanley Kwan).
Mais, tandis qu’un grand nombre de ces longs-métrages constituent une ode à la la beauté et à la jeunesse, Ray Yeung prend le parti de mettre en scène des hommes ordinaires d’âge mur. De même, alors que ces prédécesseurs abordent souvent le thème du coming out, Un printemps à Hong Kong a choisi d’évoquer, a contrario, la contrainte de vivre dans le secret : les personnages sont ainsi confrontés à l’impossibilité de vivre en accord avec eux-mêmes dans une société hong-kongaise où l’homosexualité n’est certes pas criminalisée (comme ce fut longtemps le cas en Chine continentale que Pak avait fui à la nage dans sa jeunesse), mais où elle reste encore marginalisée.
- Copyright : Epicentre Films
L’idylle racontée par Ray Yeung est certes empreinte d’un profond romantisme (comme en témoigne la chanson fleur bleue qui ponctue la bande-son), mais elle n’en pèse pas moins sur les deux personnages, malgré leurs situations en apparence différentes, comme un véritable fardeau : tandis que Pak, encore chauffeur de taxi en dépit de son âge, donne tous les gages d’une vie de famille normale, Hoi, père divorcé à la retraite, se présente comme un chrétien fidèle dans la même communauté que son fils. Mais tous deux ont passé leur existence respective à jouer le rôle des maris, puis de pères, menant des existences sacrifiées aux traditions et au sens du devoir, et, par conséquent, maintenues sous le boisseau du silence.
Une part importante de l’émotion que fait naître le long-métrage chez le spectateur, malgré les décors blafards de Kowloon City, repose sur les comédiens principaux, tous deux pourtant hétérosexuels : leur jeu, tout en retenue, en regards et en gestes délicats, retranscrit la pudeur des personnages, dont les non-dits n’empêchent pas la sincérité des sentiments et la tendresse des étreintes.
- Copyright : Epicentre Films
Malgré les nombreuses scènes que Ray Yeung consacre, sans jamais tomber dans le voyeurisme, aux moments d’intimité et de complicité que vivent les deux hommes dans le sauna où ils se retrouvent, le propos du cinéaste est également documentaire : inspiré de l’ouvrage intitulé Oral history of older gay men in Hong Kong de l’universitaire Travis S. K. Kong, le film traite du mouvement de défense des droits des seniors homosexuels, confrontés, une fois arrivée la solitude du troisième âge, à la dépendance, aux fins de mois difficiles et à l’ostracisme.
Des amis des personnages principaux, condamnés jusqu’alors à se dissimuler, s’engageront ainsi pour la création d’une maison de retraite LGBT, lors de débats parlementaires mis en scène avec une dignité fort éloignée de l’exubérance et du manichéisme qui caractérisent certaines œuvres sur le sujet : car, si cette initiative permettrait à ses potentiels résidents d’éviter d’être confrontés au rejet, certains d’entre eux craignent qu’elle n’achève, en les isolant de leur famille, de les exclure du reste de la société...
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