Un monde flottant - La chronique BD

Il y a certaines œuvres inclassables : ni manga, ni BD, ni recueil de poésie, mais un mélange artistique, une création. Nicolas de Crécy a créé une œuvre qui est un hommage vibrant à la culture japonaise. Un monde flottant associe en effet l’haïku, ce poème court, ironique ou romantique, aux yôkai, esprits souvent monstrueux qui parsèment le quotidien des japonais. Deux éléments très traditionnels qui forment une œuvre finalement très moderne. En effet, les textes et dessins sont très liés à la société contemporaine, urbaine et consommatrice. C’est une réflexion à la fois très explicite dans les représentations des divinités dans des environnements actuels, et très implicite dans les courts vers qui mêlent différents thèmes. De même, pas question de trame scénaristique, pas de planches, mais un déroulé comme un parchemin, lisible dans les deux sens, marquent ce dédoublement occidental-oriental, ce contraste entre des monstres d’avant Edo et des buildings du nouveau Tokyo.

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Les échanges de couleurs, les références aux grands artistes, les citations pertinentes permettent une immersion rapide... Peut-être trop rapide. On regrette seulement que cette exposition ne soit pas plus longue, plus fournie, même si l’on comprend que l’ensemble a dû demander des efforts colossaux. Il faudra donc attendre ou espérer une autre exposition facile à emporter, un autre album hybride, pour voyager à nouveau à travers les villes, les villages, les temples et les campagnes d’un Japon fantaisiste, dans la lignée d’un Miyazaki. Un bel exemple d’une combinaison entre la tradition et la modernité dans l’art, où une évolution unique et originale de la bande dessinée.

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