Bucarest, 31 décembre
Le 25 juin 2013
Le cinéaste roumain Paul Negoescu signe un premier film lent, maîtrisé et au regard très cynique sur un personnage lâche et indécis, plongé au coeur de ses tourments sentimentaux la nuit de la Saint-Sylvestre. Présenté au Festival Premiers Plans d’Angers 2013.
- Réalisateur : Paul Negoescu
- Acteurs : Andrei Mateiu, Ioana Anastasia Anton, Sinziana Nicola
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Roumain
- Durée : 1h25mn
- Titre original : {O luna in Thailanda}
- Date de sortie : 26 juin 2013
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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Le cinéaste roumain Paul Negoescu signe un premier film lent, maîtrisé et au regard très cynique sur un personnage lâche et indécis, plongé au coeur de ses tourments sentimentaux la nuit de la Saint-Sylvestre. Présenté au Festival Premiers Plans d’Angers 2013.
L’argument : En pleines fêtes du Nouvel an à Bucarest, Radu, jeune trentenaire, décide de rompre avec sa fiancée. La même nuit il part à la recherche de Nadia, sa précédente petite amie, persuadé que c’était l’amour de sa vie…
Notre avis : Bucarest, 31 décembre. Le premier long-métrage de Paul Negoescu prend pour base un dispositif simple – une ville, une nuit –, déployé avec ingéniosité autour d’un personnage central étrange : sous ses airs d’homme sûr de lui, Radu, trentenaire, souffre d’indécision chronique et de revirements successifs au gré des fluctuations de ses désirs. Son parcours dans la capitale de la Roumanie la nuit de la Saint-Sylvestre, à la recherche d’un amour qu’il croit véritable, est donc moins une quête qu’une longue errance adolescente, camouflée sous les apparences de la maturité et de la fête. Le cinéaste adopte d’emblée un regard cynique sur les personnages qui, s’il court sans cesse de nous mettre à une froide distance des protagonistes, est assumé jusqu’au bout et fait du film moins une comédie dramatique et sentimentale qu’un laboratoire d’étude anthropologique d’une poignée de jeunes adultes, génération de l’électro minimale et de la fête en « bar alternatif », courant de lieu en lieu pour faire en sorte que la célébration ne puisse pas connaître de fin. Mais la triste vérité, c’est que tout romantisme et même tout idée d’un amour véritable semble avoir déserté ces relations fonctionnelles et vidées que Radu met en place autour de lui sans réellement ressentir d’émotion – la femme du quotidien, la femme rêvée, les compagnons de fête…
Habile dans son écriture et sa mise en scène, et ayant fait du manque absolu de moyens une force dans ses images, le film Paul Negoescu souffre paradoxalement de sa maîtrise et paraît souvent démonstratif, le propos frôlant parfois l’arrogance : ceci serait donc la vérité d’une génération – à laquelle le cinéaste lui-même appartient… Mieux vaut donc se laisser porter par les longs plans-séquences et les scènes parfois interminables, et ne pas trop chercher à accéder à ce discours quasi-sociologique qui (sur)plombe le film, sans se rendre compte qu’il laisse par là même échapper les points d’accroche les plus touchants du film, se posant en une sorte d’anti-Oslo, 31 août, auquel Un mois en Thaïlande ne fait guère écho que par le dispositif. Radu est un personnage plongé dans un environnement dont il est incapable de déchiffrer les signes et les subtilités, et qui ne nous fait ressentir rien d’autre que sa propre lâcheté, qu’il a lui-même de la peine à réellement éprouver. Seule la musique électronique, à laquelle sont consacrées des scènes entières, paraît catalyser un peu de l’énergie urbaine de ces personnages – en tout cas davantage que les longues discussions galvaudées sur l’amour et la passion. Si Un mois en Thaïlande paraît long, malgré sa courte durée, c’est que ce parcours reste essentiellement une triste et lente stagnation qui ne peut connaître comme fin qu’une boucle dérisoire et pathétique.
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