Un éléphant, ça trompe énormément
Le 8 décembre 2016
Éternel camarade de Frank Launder, Sidney Gilliat signait en 1955 une comédie de mœurs anecdotique, qui vaut surtout pour l’interprétation de Rex Harrison...
- Réalisateur : Sidney Gilliat
- Acteurs : Rex Harrison, Cecil Parker, Margaret Leighton, Kay Kendall
- Genre : Comédie
- Nationalité : Britannique
- Durée : 01h44mn
- Reprise: 14 décembre 2016
- Titre original : The Constant Husband
- Date de sortie : 5 octobre 1955
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Sortie DVD : le 2 mai 2017
Résumé : Dans une chambre, un homme reprend conscience. Frappé d’amnésie, il entreprend, avec l’aide d’un spécialiste, d’exhumer son passé. Mais ce qu’il découvre l’horrifie : marié à une ravissante et tendre femme, il comprend avec effroi que ce passé est bien trouble, et que marié maintes fois, on le recherche activement... pour polygamie !
Notre avis : Célèbre pour le tandem de scénaristes-producteurs qu’il forma jadis avec Frank Launder - le duo collabora sur une soixantaine de films dont Une femme disparaît, d’Alfred Hitchcock -, Sidney Gilliat marqua en revanche plus difficilement les esprits par ses mises en scène. Alors que Launder poursuivit dans les années 50 ses velléités pour le suspense, le Britannique opta pour des comédies de mœurs - par opposition au genre du "remariage" - dans le meilleur des cas caustiques. Un mari presque fidèle trouve justement sa place dans cette généalogie, sans briller ni démériter. Porté par le grand Rex Harrison (L’Aventure de madame Muir, My Fair Lady, Cléopâtre…), l’œuvre s’apparente à une sorte de vaudeville auquel s’ajouterait une légère tonalité morale. Charles Hathaway, le protagoniste principal, se réveille un beau jour amnésique dans une chambre d’hôtel au Pays de Galles. À mesure qu’il retrouve les traces du moi qui lui échappe, le personnage met au jour sa polygamie - sept mariages - et ses affabulations pathologiques. Il y a dans cette redécouverte d’un passé amoureux opaque quelque chose d’un Broken Flowers (Jim Jarmusch, 2005), la finesse de la réalisation en moins.
- Copyright Tamasa Distribution
Même si Gilliat semble quelque part vouloir faire le procès de ce coureur de jupons qui s’ignore, aucune des conquêtes du personnage ne cherche à lui faire payer la sextuple vie qu’il dissimulait - bien au contraire. En cela, le cinéaste se distingue nettement de la posture qu’adoptait Ernst Lubitsch avec La Huitième Femme de Barbe Bleue (1938), dans lequel Claudette Colbert renvoyait à Gary Cooper sa triste masculinité. Faut-il donc voir là en Un mari presque fidèle un trait sociologique d’un pays où la guerre des sexes ne remettrait pas en question la séduction du mâle comme outre-Atlantique ? Difficile à croire, tant le scénario manque d’aspérités à ce niveau. Parce qu’il ne déploie presque aucune ambigüité d’un bout à l’autre, le film échoue à séduire. Aussi, l’écriture lui fait défaut lorsqu’il s’agit de caractériser de manière elliptique toutes les femmes d’Hathaway. Ces faiblesses, renforcées par une mise en scène quelconque - la faute surtout à une mise en lumière par défaut ne cherchant jamais à induire de climat psychologique - rendent Un mari presque fidèle sinon une œuvre à oublier, un film assez banal. Et même lorsque Gilliat tente de symboliser par le miroir une fêlure dans la masculinité d’Hathaway, la structure reste fragile. Le Technicolor aurait pu à ce titre sauver les meubles, mais là encore hormis des chromatiques changeantes selon que l’épouse d’Hathaway soit nantie ou issue d’un milieu modeste, l’intérêt reste discutable. La réhabilitation de Sidney Gilliat au panthéon du cinéma britannique attendra.
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