Le 6 mai 2017
Avec une remarquable économie, ce film bouleversant parle aussi bien de la situation de la femme en Iran que de l’universelle humanité.
- Réalisateur : Seyyed Reza Mir-Karimi
- Acteurs : Parviz Parastui, Soheila Golestani
- Genre : Drame
- Nationalité : Iranien
- Distributeur : Zootrope Films
- Durée : 1h28mn
- Box-office : 3.162 entrées France / 2.634 entrées P.P.
- Titre original : Today
- Date de sortie : 7 juin 2017
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– Dhaka International Film Festival 2016 : Meilleur Film ; Fajr Film Festival 2015 : Meilleure actrice -Shabnam Moghadami Granada ; Film Festival Cines del Sur 2015 : Prix du meilleur Réalisateur et Prix du Jury.
Résumé : À la fin d’une journée de travail, Younes, un vieux chauffeur de taxi, aide une jeune femme et l’emmène à l’hôpital. Il ne se doute pas de ce qui l’attend là-bas.
Notre avis : Il n’y a à proprement parler que deux lieux dans Un jour nouveau, deux lieux clos, étouffants, menaçants : l’intérieur du taxi et l’hôpital. Le monde extérieur y apparaît la plupart du temps à travers des vitres, des fenêtres et des portes. D’un enfermement à l’autre , les deux personnages sont ballottés, houspillés, mis de côté, sommés de s’exécuter. Même le taxi n’est pas vraiment un refuge, puisque le rétroviseur est cassé, les cahots omniprésents. En fin de compte, le cinéaste fait de l’itinéraire des deux protagonistes une métaphore d’un pays qui oppresse, en particulier les femmes, mais également les êtres à part, ceux qui ne sont pas dans la norme, que ce soit Younes, le chauffeur mutique, ou le bébé promis à l’orphelinat.
- Copyright Zootrope Films
Rien pourtant du film à thèse : Un jour nouveau est d’abord un drame humain, inscrit dans un contexte puissamment réaliste ; on ne compte pas les petits détails (la tache d’encre sur le doigt, le chariot difficile à manœuvrer) qui ancrent dans le quotidien cette histoire de petites gens. Pas non plus de misérabilisme ou d’effets lacrymaux (sauf peut-être une utilisation balourde de la musique) ; on est, à la mesure du héros, dans la pudeur et la retenue. L’émotion n’en est que plus forte et plus durable : le spectateur, envahi par une tension croissante, sort secoué de la séance, plein d’une révolte sourde malgré la fin légèrement optimiste.
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Si le cinéaste s’appuie sur des petits faits, il refuse aussi les explications : on ne saura jamais qui bat la femme, qui est le père ; on n’en saura pas beaucoup plus sur Younes, énigmatique taiseux qui prend beaucoup de temps pour répondre aux questions et regarde peu ses interlocuteurs. Tout au plus une anecdote lointaine éclaire-t-elle d’une faible lueur cet être cassé, en attente. L’attente est d’ailleurs un thème majeur du film, ce que traduisent parfaitement des plans longs, peu découpés, et de lents travellings qui peinent parfois à suivre les personnages ou les laissent de côté (voir la seule séance de violence physique, laissée hors champ). De ce thème le réalisateur fait une figure de l’impuissance : les héros sont des victimes ; pas des victimes de méchants, mais d’un système dans lequel chacun joue un rôle, plus complexe qu’il n’y paraît, comme le prouve l’infirmière, à la fois chef autoritaire et humaine perspicace. Le sort qui leur est réservé s’inscrit dans un ensemble de codes, de lois et de paperasse, dans une surveillance perpétuelle.
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Il faut beaucoup de talent pour faire de cette histoire sordide un film grave et émouvant, attaché à d’infimes notations (le bracelet à lui seul est un modèle d’utilisation d’un élément scénaristique). Beaucoup de talent pour faire de ces personnages obtus des êtres portés par la grâce, d’autant que l’interprétation est de premier ordre. Alors devant cette femme qui passe son temps à s’excuser (ne s’excuse-t-elle pas simplement d’exister ?), devant ce ténébreux têtu, on s’abîme dans le charme puissant d’une œuvre sobre et poignante.
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